Alors que le monde se remet de la pandémie de COVID-19, des chercheurs viennent d’identifier une nouvelle souche de coronavirus chez des chauves-souris brésiliennes. Nommé BRZ batCoV, ce virus partage un élément clé avec le SARS-CoV-2, qui pourrait lui permettre de franchir la barrière entre espèces.
Un site viral inquiétant : le clivage de la furine
Le BRZ batCoV possède un site appelé site de clivage par la furine (une enzyme) sur sa protéine Spike, très similaire à celui du SARS-CoV-2. Ce site est crucial car il permet à un virus de pénétrer plus facilement dans les cellules humaines. Chez le SARS-CoV-2, ce mécanisme a largement contribué à sa contagiosité. Pour le BRZ batCoV, la présence de ce site ne signifie pas automatiquement qu’il peut infecter l’Homme, mais c’est un signal d’alerte pour les scientifiques.
Les chercheurs soulignent que d’autres bétacoronavirus possèdent également un FCS sans avoir causé de pandémie. Néanmoins, cette caractéristique pourrait faciliter l’adaptation du virus aux cellules humaines si d’autres mutations apparaissent. C’est ce potentiel latent, combiné à la faible surveillance des virus dans certaines régions, qui rend cette découverte particulièrement importante pour la veille sanitaire et la prévention de futures épidémies.
Surveillance et prévention : la priorité des scientifiques
L’étude a analysé 70 chauves-souris au Brésil, révélant que ce nouveau virus pourrait circuler depuis un certain temps sans être détecté. La majorité des connaissances sur les coronavirus de chauves-souris proviennent d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient, laissant un vide critique en Amérique. Les chercheurs insistent sur la nécessité d’une surveillance accrue pour identifier les virus potentiellement zoonotiques avant qu’ils ne deviennent problématiques pour l’Homme.
Bien que l’infectiosité du BRZ batCoV n’ait pas été testée, la combinaison d’un FCS fonctionnel et du manque de suivi épidémiologique alerte sur le risque potentiel. Cette démarche proactive permet de mieux comprendre la diversité virale et de préparer des stratégies préventives avant que de nouvelles pandémies ne se déclenchent.

Une leçon pour l’avenir
Cette découverte, rapportée sur le site de pré-impression BioRxiv, illustre la fragilité de notre surveillance face aux virus émergents. Même sans preuve directe de transmission à l’homme, le BRZ batCoV sert de rappel : la nature regorge de virus qui pourraient un jour franchir la barrière des espèces. La collaboration internationale, le séquençage génétique et la surveillance écologique sont essentiels pour anticiper et réduire les risques.
Comprendre la phylogénie et les caractéristiques fonctionnelles des coronavirus de chauves-souris est la clé pour prévenir la prochaine pandémie. Au-delà du Brésil, cette recherche encourage les scientifiques du monde entier à surveiller activement les réservoirs animaux et à se préparer à détecter rapidement toute menace émergente.
