Des restes d’essais nuclĂ©aires retrouvĂ©s dans les entrailles de la Terre

essai nucléaire
Crédits : Pixabay

Une récente étude nous révèle que le carbone radioactif rejeté dans l’atmosphère par les essais de bombes nucléaires dans les années 50/60 contamine aujourd’hui les abysses.

Les essais nucléaires menés en divers milieux océaniques au cours du siècle dernier étaient destinés à tester de nouvelles armes (bon fonctionnement, sûreté). Ils avaient également une fonction de « démonstration » politique de la puissance militaire du pays. Mais ces essais n’étaient pas sans risques. Si l’on met de côté la contamination humaine, nous savons que les organismes présents à la surface de l’océan ont également été pollués par les rejets de carbone radioactif. Ceux-ci ont depuis coulé au fond des océans, nourrissant et polluant à leur tour les petits crustacés (amphipodes) situés dans les plus grandes profondeurs.

« Nous devons donc faire attention à nos comportements futurs »

C’est du moins ce que propose une étude, publiée dans les Geophysical Research Letters. Des chercheurs de l’Académie chinoise des sciences de Guangzhou, en Chine, expliquent avoir analysé les tissus musculaires et le contenu intestinal d’amphipodes recueillis en 2017 au fond de plusieurs grandes fosses océaniques. Y compris la fosse des Mariannes, qui plonge à 11 kilomètres de profondeur. Les résultats ont alors montré des concentrations de carbone 14 bien supérieures à celles de la matière organique retrouvée aux mêmes profondeurs.

« Bien que la circulation océanique prenne des centaines d’années pour amener de l’eau contenant une bombe [de carbone] dans la tranchée la plus profonde, la chaîne alimentaire y parvient beaucoup plus rapidement, explique Ning Wang, géochimiste à l’Académie chinoise des sciences de Guangzhou et principal auteur de l’étude. Il existe une très forte interaction entre la surface et le fond, en termes de systèmes biologiques, et les activités humaines peuvent affecter les biosystèmes jusqu’à 11 000 mètres de profondeur. Nous devons donc faire attention à nos comportements futurs ».

essai nucléaire
Les restes d’essais nucléaires opérés dans les années 50/60 ont été découverts dans les parties les plus profondes de l’océan. Crédits : US Department of Energy

S’adapter à la vie en profondeur

Ces amphipodes évoluant en grandes profondeurs sont par ailleurs plus gros et vivent plus longtemps que leurs homologues repérés en eaux peu profondes. Ces derniers vivent généralement moins de deux ans et atteignent une longueur moyenne de deux centimètres. Ceux évoluant dans les tranchées ont une espérance de vie d’environ 10 ans, et peuvent atteindre les 9 centimètres de long. Ces caractéristiques physiques sont en réalité le résultat d’une adaptation à leur environnement.

Ici bas, les températures sont basses, les pressions élevées et les sources de nourriture sont limitées. Ces petits animaux ont donc un métabolisme lent et un faible taux de renouvellement cellulaire, ce qui leur permet de stocker de l’énergie pendant de longues périodes. Le fait que nous ayons détecté des éléments radioactifs dans leur organisme ne pose pas forcément de risque environnemental. Cela montre simplement que les polluants peuvent atteindre les recoins abyssaux beaucoup plus rapidement qu’on ne le pensait.

Source

Articles liés :

Tchernobyl : 30 ans après, le sol des Alpes est toujours radioactif

Le nuage radioactif qui a traversé la France en octobre viendrait bien de Russie

Au Kazakhstan, un site nucléaire bien plus radioactif que Tchernobyl ?