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Des poissons morts avec les dinosaures préservés dans des détails exquis

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Crédits : Eric J. Hilton et Lance Grande

Une équipe de paléontologues décrit la découverte de quatre fossiles exceptionnels représentant deux nouvelles espèces de poissons d’eau douce datant du Crétacé. Ces créatures ont probablement été tuées et enfouies dans les sédiments quasi instantanément suite à l’impact de l’astéroïde il y a 66 millions d’années.

Le Crétacé est considéré comme une période de grande transition évolutive pour la faune de poissons d’eau douce d’Amérique du Nord. Jusqu’à présent cependant, les archives fossiles de cette période étaient notoirement pauvres, constituées principalement de fragments et d’éléments squelettiques isolés, d’où l’intérêt de cette étude.

Dans le Journal of Paleontology, une équipe décrit en effet la découverte de deux nouvelles espèces d’esturgeons bien conservés, isolées sur le site de Tanis, dans la formation Hell Creek (Dakota du Nord). La région abritait autrefois une grande rivière qui alimentait la voie maritime intérieure de l’Ouest. Celle-ci, désormais asséchée, s’étendait du golfe du Mexique à l’océan Arctique.

Ces poissons seraient morts il y a environ 66 millions d’années, possiblement suite à l’impact de l’astéroïde responsable de la disparition des dinosaures, étouffés et enterrés sur place en une fraction de seconde. Le site de Hell Creek se trouve peut-être à plus de 3 000 km du cratère Chicxulub, théâtre de l’impact, mais nous savons que des pluies incandescentes se sont abattues bien au-delà dans les minutent qui suivirent la catastrophe.

Deux espèces d’esturgeons

Les deux espèces ont été nommées Acipenser praeparatorum et Acipenser amnisinferos.

La première est représentée par une tête et des restes post-crâniens relativement complets, ainsi que par une ceinture pectorale intacte conservée en trois dimensions. Ce taxon peut être diagnostiqué sur la base des caractéristiques des éléments operculaires (branchiostegal exceptionnellement haut et étroit). La seconde est représentée par un crâne partiellement préservé et peut être diagnostiquée par une région préorbitaire relativement allongée (c’est-à-dire le museau) ainsi que par l’absence d’épines sur les os de la toiture du crâne.

De manière un peu surprenante, toutes deux proposent une ressemblance inattendue avec les esturgeons modernes originaires d’Asie de l’Est et d’Europe, plutôt que d’Amérique du Nord.

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Un gros plan des os du derme d’Acipenser amnisinferos. Crédits : Eric J. Hilton et Lance Grande

En plus des deux espèces d’esturgeons nouvellement décrites, nous savons que cette ancienne rivière profonde regorgeait de polyodons, de poissons-arcs, d’ammonites, de divers insectes et autres reptiles aquatiques appelés mosasaures. Les chercheurs soupçonnent donc que cette découverte ne sera probablement pas la seule dans les années à venir. Beaucoup d’autres créatures se cachent encore dans les sédiments, attendant d’être excavées.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.