Des orages ont été observés aux confins de l’arctique, un événement rarissime !

arctique cumulonimbus
Crédits : Max Pixel.

Après les nombreux records établis depuis le début de l’année – chaleur, feux de forêts, banquise… – la région arctique continue de faire parler d’elle. Récemment, des orages ont transité à seulement quelques centaines de kilomètres du pôle nord. Un phénomène rarissime, peut-être même inédit en cette saison. 

Le pôle nord n’est pas connu – et de loin – pour son activité orageuse. En effet, le climat froid et la grande stabilité de l’atmosphère à ces latitudes inhibent les processus convectifs profonds à l’origine des orages. Tout au plus, quelques décharges électriques peuvent survenir durant les tempêtes hivernales les plus actives ancrées au niveau des mers périphériques – mer de Norvège, mer de Barents, etc.

Des orages de chaleur aux confins de l’arctique

Toutefois, entre le 10 et 12 août 2019, ce sont bien des orages estivaux – de chaleur pourrait-on dire – qui ont été observés. Ces derniers ont transité jusqu’aux confins de l’arctique, vers 85°N et 120°E. Il s’agit d’un événement rarissime, peut-être même exceptionnel. Au même moment, les images satellites confirmaient la présence d’amas de cumulonimbus capables de produire des décharges de foudre. Il ne s’agit donc pas de fausses détections.

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Image satellite infrarouge du 10 août. Les cumulonimbus responsables des impacts de foudre sont indiqués par une flèche rouge et le pôle nord localisé par une croix. Crédits : @NWSFairbanks.

L’activité électrique a été remarquée par des prévisionnistes du service météorologique de Fairbanks, en Alaska. Les détecteurs de foudre installés sur le pays ont une portée assez large. Aussi, les impacts qui frappaient alors la surface de l’océan ou de la banquise arctique sont apparus sur les écrans. L’événement météorologique était si atypique que le service a rapidement publié un communiqué à ce sujet samedi soir.

« Ce sont parmi les impacts de foudre les plus nordiques jamais observés de mémoire de prévisionniste » lit-on dans le communiqué. « Je ne dirais pas que cela n’est jamais arrivé auparavant. Mais c’est certainement inhabituel et cela a attiré notre attention » précise Ryan Metzger, prévisionniste au service météorologique de Fairbanks.

Advection d’air doux et instabilité d’altitude

L’analyse de la situation atmosphérique révèle que les orages étaient alimentés par de l’instabilité d’altitude advectée depuis la Sibérie. En effet, un panache d’air doux et humide était aspiré par une dépression située vers le centre du bassin. Ce ne sont donc pas les basses couches qui ont nourri les cumulonimbus comme c’est souvent le cas. Au contraire, entre la surface et 2500 mètres d’altitude l’atmosphère présentait un profil plutôt stable.

Impacts de foudre entre le 10 et le 12 août. Notez la proximité au pôle nord. Crédits : Vaisala.

À mesure que la glace de mer se rétracte et que l’océan arctique se réchauffe, ce phénomène risque de devenir de plus en plus fréquent en été. De telles tendances sont déjà en cours en Alaska par exemple, où la saison des orages commence plus tôt et se termine plus tard. Par ailleurs, des zones habituellement très peu concernées le sont plus fréquemment – comme l’extrême nord de l’état.

Notons que cet apport doux et instable s’est également accompagné de son lot de fumée en provenance des incendies qui affectent encore le nord de la Russie. En se déposant sur la surface réfléchissante qu’est la glace de mer, les poussières sombres tendent à accélérer le processus de fonte. Actuellement, la banquise est proche du record absolu de basse extension remontant à 2012.

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