Des muscles que l’on pensait être exclusivement humains ont été découverts chez d’autres grands singes

chimpanzé singe regarder miroir
©DaFranzos/Pixabay

Les bonobos, chimpanzés communs, et les gorilles présentent des muscles longtemps considérés comme étant uniquement présents chez les humains. Ils seraient utilisés pour la bipédie, afin de manipuler des outils complexes ainsi que pour la communication faciale et vocale, selon une étude menée par un chercheur de l’Université Howard (États-Unis). De quoi contredire les dogmes clés de l’évolution humaine.

Les théories évolutionnistes sont largement basées sur les structures osseuses des spécimens préhistoriques – mais aussi sur l’idée que les humains sont nécessairement plus « spéciaux » et complexes que les autres animaux. Ces théories suggèrent notamment que certains muscles ont évolué seulement chez les humains, nous donnant nos caractéristiques physiques uniques : marcher debout, utiliser des outils complexes, communiquer vocalement et via des expressions faciales spécifiques. Il semblerait pourtant que ces muscles – longtemps pensés pour être spécifiques aux humains – sont finalement présents chez d’autres grands singes.

« Notre analyse détaillée montre qu’en fait, chaque muscle qui a longtemps été accepté comme unique aux humains, permettant des adaptations fonctionnelles singulières comme la bipédie, l’utilisation d’outils et les communications vocales et faciales, est présent sous la même forme ou sous une forme similaire chez les bonobos et autres grands singes, tels que les chimpanzés communs et les gorilles », explique l’anatomiste Rui Diogo de l’Université Howard. « Cette étude contredit les dogmes clés sur l’évolution humaine et notre place distincte sur “l’échelle de la nature” ».

La vérification de ces théories est longtemps restée difficile en raison de la faible description des tissus mous chez les singes. Historiquement, les scientifiques se sont principalement concentrés sur quelques muscles de la tête ou des membres d’un seul spécimen. Pour trouver suffisamment de données pour compléter cette recherche, le docteur Diogo a compilé toutes les informations antérieures sur l’anatomie des grands singes. Il a également mené des recherches anatomiques sur plusieurs bonobos, chimpanzés et gorilles décédés de mort naturelle, à la recherche de la présence de sept muscles différents qui n’auraient évolué que chez notre espèce.

Il a alors découvert que les sept de ces muscles « spécifiques à l’homme » étaient en fait présents chez ces trois espèces. Par exemple, le muscle associé à la marche droite (fibularis tertius) et absent chez les singes hominidés, a été trouvé chez 3 des 7 bonobos disséqués, ressemblant exactement à ce qui apparaît normalement chez les humains. Le chercheur a aussi remarqué que les muscles associés au langage vocal – arytenoideus obliquus dans le larynx – et le muscle facial risorius étaient présents chez certains chimpanzés et gorilles.

« L’image qui émerge de cette recherche est que l’origine et l’évolution des tissus mous humains sont clairement plus complexes – et pas aussi exceptionnelles – qu’on le pensait à l’origine », note le chercheur. « Nous avons besoin d’un examen plus approfondi de la raison pour laquelle ces muscles sont présents chez les singes et, dans certains cas, dans une partie seulement de la population d’une certaine espèce. Ces muscles sont-ils essentiels pour les singes qui les possèdent, comme le prétendent les scientifiques évolutionnistes adeptes de la théorie de l’adaptation ? Ou présentent-ils des caractéristiques neutres évolutionnaires liées à la façon dont leur corps se développe, ou simplement aux sous-produits d’autres caractéristiques ? »

Cette étude souligne ainsi qu’une connaissance approfondie de l’anatomie des grands singes sera nécessaire pour une meilleure compréhension de notre propre histoire.

Vous retrouverez tous les détails de cette étude dans la revue Frontiers in Ecology & Evolution.

Source