La Cour suprême indienne vient d’autoriser une réintroduction expérimentale des guépards sur son territoire. Une décision qui divise les écologistes.
Il fut un temps où les guépards asiatiques parcouraient librement le territoire indien. Mais, dès le début du 20e siècle, ces félins ont dû faire face à plusieurs menaces, comme la perte de leur habitat ou le braconnage. Finalement l’espèce, poussée dans ses retranchements, fut déclarée éteinte au milieu du siècle dernier.
Des moyens ont depuis été mis en place pour tenter de réintroduire les guépards asiatiques. Dans les années 1970, les autorités indiennes ont en effet tenté de capturer des spécimens évoluant en Iran, qui abrite aujourd’hui le dernier peuplement mondial de guépards asiatiques (moins de 50 spécimens).
Malheureusement tous ces efforts ont échoué. D’une part parce que les proies – comme l’antilope et la gazelle – n’étaient pas assez nombreuses. Mais aussi et surtout parce que les négociations entre les deux pays ont été stoppées après la révolution islamique de 1979.
Plus récemment, des plans de clonage des guépards asiatiques ont également été tentés, mais sans succès. C’est pourquoi depuis quelques années les autorités indiennes envisagent l’introduction sur leur territoire de guépards africains.
La Cour suprême approuve la réintroduction de guépards
En 2013, la Cour suprême avait rejeté une première proposition faite par le ministère de l’Environnement, estimant qu’aucune étude n’appuyait suffisamment cette réintroduction. Une seconde proposition a été déposée il y a quelques mois et ce mardi, le tribunal a finalement décidé d’autoriser une réintroduction à titre expérimental, pour voir si le guépard africain peut ou non s’adapter à l’environnement indien.
Avant toute introduction des félins (capturés en Namibie), les responsables du programme vont en revanche devoir identifier un habitat adéquat, proposant un nombre de proies suffisant et limitant les risques de conflits avec les Hommes. Parmi les sites qui ont été suggérés figurent le sanctuaire de faune de Kuno-Palpur, au Madhya Pradesh, le parc national de Velavadar, au Gujarat, et le sanctuaire de Tal Chapar au Rajasthan.

Une décision qui divise
Mais si certains écologistes sont enthousiastes quant à l’idée de ramener des guépards en Inde, estimant que ce programme pourrait favoriser la survie à long terme de cette espèce vulnérable, d’autres en revanche ne sont pas du même avis.
Selon le Hindustan Times, certains militants affirment en effet qu’aucun des habitats proposés n’est assez grand pour accueillir des guépards. « Le parc national du Serengeti en Tanzanie a une superficie de 14 750 kilomètres carrés regorgeant de proies, peut-on lire. Les habitats fauniques indiens proposés, eux, ont une superficie qui ne dépasse pas les 1 000 kilomètres carrés, et proposent beaucoup moins de proies que les foyers africains ».
Certains pointent également du doigts les capacités indiennes en matière de gestion des félins. Si effectivement le nombre de tigres de cesse d’augmenter sur le territoire, la situation des lions asiatiques est en revanche beaucoup moins reluisante.
Les quelques 500 spécimens encore vivants aujourd’hui sont confinés dans le parc national de Gir (1 880 km 2), qui ne peut normalement en abriter que 300. Résultat, ces félins s’exposent aux maladies et infections. À l’été 2019, plus de 200 de ces lions sont morts dans la région à cause d’un virus.
Beaucoup s’aventurent également en dehors de leurs frontières, faute de place, errant dans l’État indien du Gujarat et s’exposant aux menaces humaines. Certains meurent alors percutés par des voitures, quand d’autres sont électrocutés ou noyés dans les puits.

Les guépards en grand danger
Reste à voir comment réagiront les félins. On rappelle que la situation africaine est également très préoccupante.
Si en 1900 on comptait au moins 100 000 spécimens sur le continent, il n’en resterait que 10 000 environ. En effet, l’homme a pendant longtemps chassé le guépard pour sa fourrure, prisée pour fabriquer des manteaux ou des tapis de prière. Leurs os et leurs dents sont également utilisés dans la médecine traditionnelle chinoise. Et si sa chasse est interdite dans tous les pays d’Afrique depuis la fin des années 1990, le braconnage est malheureusement toujours aussi actif.
Source
Articles liés :