Des drogues hallucinogènes contre le suicide et la dépression ?

Crédits : Philip Taylor / Flickr

L’usage modéré de certaines drogues hallucinogène est associé avec une diminution de la fréquence des tentatives de suicide d’après une étude menée par des chercheurs de l’Université d’Arizona.

Ils se sont intéressés à l’usage de LSD, de mescaline et de psilocybine (les « champignons magiques »), qui ont d’après les chercheurs « le potentiel de réduire la souffrance créée par les maladies mentales ». Ils ont déterminé que les sujets qui font usage de ces substances ont des pensées suicidaires moins fréquentes, reportent une détresse psychologique moindre, et surtout font moins de tentatives de suicide que ceux qui n’en prennent pas.

C’est au total une réduction de 36 % du nombre de tentatives de suicide qui est associée à l’usage de drogues psychédéliques. L’étude était basée sur des données collectées auprès de 190 000 participants pendant une enquête nationale étasunienne visant à quantifier l’usage des drogues.

On savait déjà grâce à une étude suisse que les champignons hallucinogènes améliorent l’humeur en perturbant le traitement des informations négatives dans le cerveau. L’étude effectuée par les chercheurs de l’Université d’Arizona est une analyse transversale. Sa conception ne permet pas de savoir pourquoi la consommation d’hallucinogènes réduit le risque de suicide. Tout ce qu’elle peut montrer est une corrélation entre les deux, et il faudra une étude contrôlée, c’est-à-dire avec un groupe de traitement et un groupe de contrôle identique pour déterminer si le lien est causal.

Il se pourrait en effet bien que le profil psychologique des utilisateurs de drogues hallucinogènes soit la cause de leur risque moindre de suicide. Ces sujets tendent à avoir un attachement moindre aux biens matériels, une plus grande spiritualité à porter plus d’attention aux autres, des traits psychologiques qui protègent contre la dépression.

Sils sont potentiellement utiles, les hallucinogènes ne sont toutefois pas sans risques. Ils peuvent exacerber les symptômes de la schizophrénie ou des psychoses, et même entrainer des « bad trips » dans certaines circonstances.

Dans tous les cas, il faudra plus de recherches avant de connaitre avec certitude les risques et les bénéfices des psychédéliques concernant la dépression. Si les traitements médicamenteux ont jusque là permis d’améliorer la vie des malades, il se pourrait bien que les drogues hallucinogènes rentrent un jour dans l’arsenal chimique utilisé pour limiter les effets des maladies mentales.

Source : Environnemental Science and Technologie