Des chercheurs utilisent les albatros pour espionner les bateaux de pĂȘche illĂ©gaux

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Pour aider Ă  surveiller les activitĂ©s de pĂȘche dans les mers australes, des chercheurs se sont appuyĂ©s sur les albatros. Et ça fonctionne.

Plus de 800 millions de personnes dans le monde dĂ©pendent de la pĂȘche comme moyen de subsistance. Malheureusement, ces ressources sont de plus en plus menacĂ©es par les activitĂ©s illĂ©gales. En effet, on estime aujourd’hui que la pĂȘche illicite non dĂ©clarĂ©e et non rĂ©glementĂ©e (INN) reprĂ©sente 12 Ă  28% des captures mondiales. En plus de reprĂ©senter une menace pour la sĂ©curitĂ© alimentaire, ces activitĂ©s favorisent Ă©galement la destruction des Ă©cosystĂšmes.

Pour aider Ă  lutter contre ces pratiques, les chercheurs ont principalement recours aux satellites. Cependant, ce type de surveillance peut coĂ»ter cher. Il est Ă©galement impossible de suivre tous les bateaux Ă  cause des intermittences de survols. Partant de ce constat, des chercheurs du CNRS et de l’UniversitĂ© de La Rochelle ont dĂ©cidĂ© de s’appuyer sur une autre alternative : les albatros.

Ces oiseaux, dont l’envergure peut atteindre 3,50 m, peuvent en effet parcourir de grandes distances. En outre, ils sont naturellement attirĂ©s par les bateaux de pĂȘche qu’ils peuvent suivre pendant des heures.

Un tiers de bateaux pĂȘchent illĂ©galement

Pour cette Ă©tude, les chercheurs ont Ă©quipĂ© 169 albatros des Ăźles Crozet, Kerguelen et Amsterdam, de petites balises pesant 70 g et dĂ©tectant Ă  5 km les Ă©chos Ă©mis par les radars des navires de pĂȘche. Tous les oiseaux ont ensuite Ă©tĂ© relĂąchĂ©s dans le sud de l’ocĂ©an Indien et ont Ă©tĂ© suivis pendant six mois.

Au terme de ce projet baptisĂ© « Ocean sentinel« , les albatros avaient rĂ©ussi Ă  localiser 353 bateaux de pĂȘche dans la rĂ©gion.

Parmi ceux qui opĂ©raient dans les zones Ă©conomiques exclusives (ZEE) des pays oĂč les navires doivent dĂ©clarer leurs prises, 25,8% avaient Ă©teint leurs « systĂšmes d’identification automatique » utilisĂ©s pour Ă©viter les collisions et permettre aux autoritĂ©s de les suivre. Dans les eaux internationales cette fois, les oiseaux ont dĂ©couvert que 36,9% des navires avaient Ă©teint le systĂšme. Or, pour les chercheurs, ce type de comportement tĂ©moigne le plus souvent d’activitĂ©s illĂ©gales.

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Crédits : ArvidO/pixabay

Les albatros en appui des satellites

Pour Henri Weimerskirch, principal acteur de ce projet, cette Ă©tude est une vraie rĂ©ussite et pourrait Ă  terme venir appuyer la surveillance par satellite. « Nous avons montrĂ© que c’est possible« , a-t-il expliquĂ©. Ces oiseaux Ă©tant capables de transmettre des donnĂ©es en temps rĂ©el, ils pourraient mĂȘme ĂȘtre utilisĂ©s dans le cadre des efforts d’application de la loi en collaboration avec les autoritĂ©s marines.

John Amos de SkyTruth en Virginie-Occidentale, qui utilise des satellites pour la protection de l’environnement, a saluĂ© l’initiative. NĂ©anmoins, il souligne Ă©galement que les progrĂšs rĂ©alisĂ©s dans le domaine de la surveillance par satellite pourraient nous permettre de nous passer des albatros. « Nous n’aurons bientĂŽt plus besoin de compter sur des animaux sauvages pour effectuer notre travail de collecte de donnĂ©es« , a-t-il expliquĂ©. « Les technologies orbitales s’amĂ©liorent rapidement et prennent rĂ©guliĂšrement dans leurs filets les pĂȘcheurs qui agissent dans l’illĂ©galité« .

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