Aux États-Unis, des scientifiques ont puisé leur inspiration chez des insectes très particuliers afin de concevoir un robot miniature capable de « glisser » sur l’eau. A terme, ce type de machine pourrait aider les équipes de secours dans le cadre de situation d’urgence. Pour l’heure, les chercheurs ont mis au point une version miniature de leur robot afin de le tester.
Des structures aussi complexes qu’étonnantes
Le genre Rhagovelia désigne des insectes de la famille des Veliidae, que l’on connait pour leur capacité à marcher, courir, « ramer » ou « glisser sur l’eau. L’évolution a leur a permis d’acquérir de petites structures en forme d’éventails au niveau des pattes de la paire moyenne. Or, ces structures peuvent se déployer et se replier automatiquement selon le mouvement de l’eau. Ainsi, les Rhagovelia n’ont aucun mal à se déplacer de manière très vive sur des ruisseaux assez rapides et turbulents, entre autres. Cette impressionnante caractéristique a attisé la curiosité de Victor Ortega-Jimenez, astrophysicien et biologiste à l’Université de Californie à Berkeley (États-Unis). L’intéressé et son équipe on publié une étude dans la revue Science le 21 aout 2025. Ils y ont décrit leurs travaux relatifs à la locomotion des Rhagovelia mais également, la conception d’un robot miniature reproduisent ce genre de mouvements.
Après cinq ans de travaux, les chercheurs ont découvert que les éventails des pattes ne remuent pas sous l’impulsion de muscles. En effet, il est question d’une réaction passive en fonction des forces de tension de surface et de pression de l’eau. Dans les faits, ces éventails à la fois rigides et souples s’ouvrent et se referment très rapidement, soit dix fois plus vitre qu’un clignement d’œil. Au contact de l’eau, ces membres s’ouvrent et génèrent une poussée capable de propulser l’insecte, avant de se refermer afin de minimiser la résistance de l’eau. Au même moment, les pattes reviennent dans leur position initiale pour préparer le prochain mouvement de poussée. Des observations réalisées au microscope ont permis de comprendre qu’il s’agissait ici de structures très complexes présentant de minuscules crochets (barbules), permettant une maximisation de la surface de contact avec l’eau.
Un futur as du sauvetage en milieu aquatique ?
Victor Ortega-Jimenez et son équipe ont recréé artificiellement ces éventails et ont conçu le Rhagobot (voir image ci-après), un robot aquatique miniature. Ce dernier est équipé de pattes s’inspirant de celles des Rhagovelia, dont les éventails se déploient exactement de la même manière et ce, sans aucune alimentation externe. Afin de tester ce robot, les chercheurs en ont fabriqué un second, s’inspirant cette fois des punaises d’eau de la famille des Gerridae. Le Rhagobot s’est montré supérieur, à la fois en termes de poussée et d’aisance dans les changements de direction.

Mais quelles applications pour ce type de machine ? Selon les responsables du projet, le Rhagobot pourrait être d’une grande utilité dans le cadre d’opérations de sauvetage dans des cours d’eau et autres lacs, ou en cas d’inondations sévères. Il faut savoir qu’à terme, il n’est pas question de fabriquer un Rhagobot d’une taille permettant de sauver une personne en la sortant de l’eau. En revanche, les chercheurs pensent à utiliser des robots miniatures fonctionnant en essaim. Les machines pourraient effectuer des missions de localisation des victimes ou encore, de suivi de l’environnement dans des zones trop dangereuses pour les sauveteurs humains.
Enfin, cette innovation est une énième preuve que le biomimétisme – l’imitation des propriétés du vivant – est une notion clé permettant la conception de robots toujours plus performants et utiles. Plus tôt en 2025, des scientifiques suisses avaient mis au point un robot aux allures de corbeau, capable de prouesses impressionantes.
