Des chercheurs auraient découvert un lien entre inversion du champ magnétique et climat

champ magnétique
Crédits : flickr.

Des chercheurs japonais de l’Université de Kobe pensent avoir trouvé un lien de cause à effet entre l’inversion des pôles magnétiques et le climat il y a 780 000 ans de ça. Des résultats surprenants – et en partie controversés – qui ont été rendus publics en juin dernier. 

Il y a 780 000 ans se produisait la dernière inversion connue du champ magnétique terrestre. Au cours d’un tel événement, les pôles magnétiques se reconfigurent en phase ou en opposition de phase avec les pôles géographiques. Par ailleurs, durant la période de transition, le champ s’affaiblit significativement.

Dans une étude parue le 28 juin 2019 dans la revue Scientific Reports, des chercheurs japonais affirment avoir mis en évidence une influence mesurable sur le système climatique. Plus précisément, la mousson hivernale d’Asie de l’Est se serait accentuée au cours de la dernière inversion. Une période de 5000 ans durant laquelle l’intensité du champ magnétique terrestre était réduite de trois quarts.

Des archives de la mousson gravées dans le lœss

Cette modulation, les scientifiques sont allés la lire dans les dépôts sédimentaires du plateau Huangtu, au nord de la Chine. En effet, ici, le vent qui souffle l’hiver apporte des poussières en provenance du désert de Gobi. Selon son intensité, l’accumulation sera plus ou moins rapide et les particules transportées plus ou moins grosses.

Inversion magnétique mousson
Représentation schématique de la mousson d’été (a) et d’hiver (b) en Asie de l’est. Le plateau de Huangtu est représenté en hachures. Crédits : Y. Ueno & al. 2019.

Ainsi, en étudiant les caractéristiques des diverses couches de limons accumulées depuis plus d’un million d’années, il est possible d’en déduire l’intensité moyenne du vent dans la région. Et donc la vigueur de la mousson d’hiver. Saison durant laquelle le vent souffle du nord vers le sud du continent – i.e. depuis le désert vers le plateau Huangtu.

Les mesures révèlent qu’il y a 780 000 ans, les particules de sable étaient notablement plus grosses et que la vitesse d’accumulation s’est faite à un rythme 3 fois plus élevé. Conclusion des chercheurs : la mousson d’hiver s’est intensifiée.

Le rôle hypothétique des rayons cosmiques galactiques

L’hypothèse invoquée pour expliquer la modulation de la mousson au moment de l’inversion magnétique repose sur le principe suivant.

Comme cela a été dit plus haut, lorsque le champ s’inverse, il s’affaiblit. En conséquence, la quantité de rayons cosmiques galactiques arrivant en basse couche est beaucoup plus élevée qu’en temps normal – de 50 % environ. Or, ce rayonnement tend à favoriser la création de noyaux de condensation, et donc la formation de nuages. Ainsi, l’augmentation de la couverture de nuages bas sur le continent aurait provoqué un refroidissement local et une accentuation du contraste entre les terres et l’océan. D’où l’accentuation du vent.

nuages bas
Stratocumulus marins au large de la Californie. Crédits : Wikimedia Commons.

Si l’hypothèse est intéressante, elle reste néanmoins controversée. En particulier au vu des résultats récents apportés par le projet CLOUD. Toutefois, ce dernier n’était pas axé sur les conditions – assez spécifiques – des périodes d’inversions des pôles magnétiques. Il faudra donc attendre d’éventuelles confirmations par d’autres études pour accorder plus de crédit au mécanisme physique évoqué.

Néanmoins, il reste que quelque chose s’est réellement passé avec la mousson d’Asie de l’est il y a 780 000 ans si l’on en croit les proxys loessiques… Affaire à suivre !

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