Une injection de cellules souches dans le nez de souris ayant perdu le sens de l’odorat a récemment permis aux rongeurs de pouvoir « sentir » à nouveau. Une approche qui pourrait ouvrir la voie à des thérapies efficaces chez l’Homme.
Une étude sur l’olfaction menée par les chercheurs du Centre de recherche en neurosciences de Lyon, publiée en 2015, nous avait révélé qu’un français sur 10 souffre de troubles de l’odorat. Certains déficits sont légers, mais d’autres sont plus sévères. Nous savons par ailleurs que la plupart de ces troubles résultent de problèmes au niveau des tissus tapissant la cavité nasale, l’épithélium olfactif. Des chercheurs américains de l’Université de Miami se sont donc récemment penchés sur la question.
« Nous étions donc vraiment intéressés de savoir s’il existait un moyen de remplacer ou de restaurer les cellules endommagées qui pourraient être bénéfiques », explique Bradley Goldstein, principal auteur de l’étude, publiée Stem Cell Reports. Et les résultats sont plutôt positifs.
Injection nasale de cellules souches
Pour ces travaux, les chercheurs expliquent avoir modifié génétiquement des souris afin qu’elles perdent leur sens de l’odorat. Pour faire simple, ils ont supprimé le gène IFT88 afin que les neurones sensoriels olfactifs de chaque souris soient dépourvus de cils. Ce sont ces minuscules structures ressemblant à des poils qui nous permettent la détection des odeurs.
Les chercheurs ont ensuite injecté des gouttelettes de cellules « basales », responsables du remplacement des neurones âgés ou endommagés, dans le nez des rongeurs. Ces cellules souches ont alors « créé » des neurones sensoriels olfactifs dans chaque cavité nasale. De nouveaux neurones – pourvus de cils cette fois – qui se sont ensuite connectés au bulbe olfactif dans le cerveau des souris. Grâce à ce nouveau procédé, les chercheurs ont alors découvert que les souris génétiquement modifiées réagissaient de nouveau à une mauvaise odeur, de la même manière qu’une souris ordinaire.
« Nous avons été un peu surpris de constater que les cellules pouvaient se greffer de manière assez robuste avec une simple administration de gouttes nasales, explique le chercheur. Il s’agit du premier modèle de perte d’odeur montrant une récupération grâce à une thérapie à base de cellules. Il est néanmoins très important de comprendre que de nombreuses questions doivent encore être résolues avant de considérer cela chez un patient humain. Cependant, cela prouve qu’une telle approche mérite une étude plus approfondie ».
Encore un long chemin à parcourir
Les chercheurs devront notamment s’assurer que la procédure n’entraîne aucun effet secondaire néfaste pour l’organisme. L’étape suivante sera de pouvoir « identifier une source de cellules capables de se greffer, de se différencier en neurones olfactifs et de se connecter correctement aux bulbes olfactifs du cerveau humain », note le chercheur.
Il reste donc encore beaucoup d’obstacles à surmonter avant d’éventuels essais cliniques. Mais à terme, le procédé pourrait améliorer la qualité de vie de nombreuses personnes. Le sens de l’odorat se présente en effet comme un véritable système d’avertissement nous permettant de nous maintenir en vie. C’est grâce à l’odorat que nous pouvons sentir la fumée, reconnaître un produit chimique ou encore un aliment désormais impropre à la consommation.
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