Des cellules souches dans le nez de souris ont restauré leur odorat

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Crédits : Pixabay

Une injection de cellules souches dans le nez de souris ayant perdu le sens de l’odorat a récemment permis aux rongeurs de pouvoir « sentir » à nouveau. Une approche qui pourrait ouvrir la voie à des thérapies efficaces chez l’Homme.

Une étude sur l’olfaction menée par les chercheurs du Centre de recherche en neurosciences de Lyon, publiée en 2015, nous avait révélé qu’un français sur 10 souffre de troubles de l’odorat. Certains déficits sont légers, mais d’autres sont plus sévères. Nous savons par ailleurs que la plupart de ces troubles résultent de problèmes au niveau des tissus tapissant la cavité nasale, l’épithélium olfactif. Des chercheurs américains de l’Université de Miami se sont donc récemment penchés sur la question.

« Nous Ă©tions donc vraiment intĂ©ressĂ©s de savoir s’il existait un moyen de remplacer ou de restaurer les cellules endommagĂ©es qui pourraient Ăªtre bĂ©nĂ©fiques », explique Bradley Goldstein, principal auteur de l’étude, publiĂ©e Stem Cell Reports. Et les rĂ©sultats sont plutĂ´t positifs.

Injection nasale de cellules souches

Pour ces travaux, les chercheurs expliquent avoir modifié génétiquement des souris afin qu’elles perdent leur sens de l’odorat. Pour faire simple, ils ont supprimé le gène IFT88 afin que les neurones sensoriels olfactifs de chaque souris soient dépourvus de cils. Ce sont ces minuscules structures ressemblant à des poils qui nous permettent la détection des odeurs.

Les chercheurs ont ensuite injectĂ© des gouttelettes de cellules « basales », responsables du remplacement des neurones Ă¢gĂ©s ou endommagĂ©s, dans le nez des rongeurs. Ces cellules souches ont alors « créé » des neurones sensoriels olfactifs dans chaque cavitĂ© nasale. De nouveaux neurones – pourvus de cils cette fois – qui se sont ensuite connectĂ©s au bulbe olfactif dans le cerveau des souris. GrĂ¢ce Ă  ce nouveau procĂ©dĂ©, les chercheurs ont alors dĂ©couvert que les souris gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es rĂ©agissaient de nouveau à une mauvaise odeur, de la mĂªme manière qu’une souris ordinaire.

« Nous avons Ă©tĂ© un peu surpris de constater que les cellules pouvaient se greffer de manière assez robuste avec une simple administration de gouttes nasales, explique le chercheur. Il s’agit du premier modèle de perte d’odeur montrant une rĂ©cupĂ©ration grĂ¢ce Ă  une thĂ©rapie Ă  base de cellules. Il est nĂ©anmoins très important de comprendre que de nombreuses questions doivent encore Ăªtre rĂ©solues avant de considĂ©rer cela chez un patient humain. Cependant, cela prouve qu’une telle approche mĂ©rite une Ă©tude plus approfondie ».

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Bientôt un traitement efficace contre les troubles de l’odorat ? Crédits : Pixabay

Encore un long chemin Ă  parcourir

Les chercheurs devront notamment s’assurer que la procédure n’entraîne aucun effet secondaire néfaste pour l’organisme. L’étape suivante sera de pouvoir « identifier une source de cellules capables de se greffer, de se différencier en neurones olfactifs et de se connecter correctement aux bulbes olfactifs du cerveau humain », note le chercheur.

Il reste donc encore beaucoup d’obstacles Ă  surmonter avant d’éventuels essais cliniques. Mais Ă  terme, le procĂ©dĂ© pourrait amĂ©liorer la qualitĂ© de vie de nombreuses personnes. Le sens de l’odorat se prĂ©sente en effet comme un vĂ©ritable système d’avertissement nous permettant de nous maintenir en vie. C’est grĂ¢ce Ă  l’odorat que nous pouvons sentir la fumĂ©e, reconnaĂ®tre un produit chimique ou encore un aliment dĂ©sormais impropre Ă  la consommation.

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