Une équipe japonaise a découvert des traces de cellules responsables de la vision en couleurs dans le fossile d’un poisson mort il y 300 millions d’années, appartenant à l’espèce Acanthodes bridgei.
Nous voyons grâce aux cellules photosensibles qui tapissent le fond de nos yeux. Il en existe deux types, les cônes et les bâtonnets. Les cônes nous permettent de voir les couleurs, mais sont limités dans leur sensibilité, et sont présents en nombres relativement faibles, ce qui limite leur capacité à percevoir les détails. Nous pallions ces limites grâce aux bâtonnets, qui ne perçoivent que les variations d’intensité lumineuse, et sont donc incapables de distinguer les couleurs, mais sont présents et bien plus grande quantité. Ceux-ci sont bien plus sensibles que les cônes, et nous permettent de distinguer les détails.
Ces deux types de cellules ont été retrouvées fossilisées dans un poisson de 300 millions d’années. Les chercheurs ont également retrouvé des traces des protéines qui permettent aux cellules photosensibles de fonctionner dans le fossile. Cette découverte a été rendue possible grâce à l’état du fossile qui a été exceptionnellement bien préservé dans les sédiments déposés par un estuaire. Les tissus mous du cerveau et des yeux se dégradent en effet très rapidement, en seulement quelques jours, et il faut en général beaucoup plus de temps pour que la fossilisation commence.
Ici, le processus a eu un peu d’aide. Des bactéries ont déposé une fine couche de phosphate sur l’œil, ce qui a amélioré la préservation. Le fossile est en tellement bon état que les chercheurs ont pu observer la structure microscopique de l’œil au microscope électronique. Les nageoires et les pigments de la peau ont eux aussi été préservés.
En comparant les yeux du poisson fossilisé et ceux d’un poisson moderne, les chercheurs ont réussi à déterminer que Acanthodes bridgei était une espèce diurne. C’est la première fois que l’on a accès à des yeux de cet âge, et la découverte est tout à fait compatible avec les théories actuelles portant sur l’évolution de la vision.
Source : Nature Communications
Illustration : Tanaka et al., Nature Communications