Des astronomes repèrent la supernova la plus brillante jamais enregistrée

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Crédits : Aaron Geller/Northwestern University

Une Ă©quipe internationale d’astronomes annonce avoir identifiĂ© une supernova beaucoup plus brillante et massive que toutes celles observĂ©es Ă  ce jour.

En 2016, l’un des tĂ©lescopes de l’Observatoire PAN STARRS repĂ©rait une supernova si lumineuse qu’elle surpassait de loin sa propre galaxie, situĂ©e Ă  3,6 milliards d’annĂ©es-lumière de la Terre. Après des examens plus approfondis, rendus possibles grâce Ă  Hubble, aux observatoires Keck et Gemini (HawaĂŻ) et aux observatoires MDM et MMT (Arizona), il s’est finalement avĂ©rĂ© que l’objet, surnommĂ© SN2016aps, Ă©tait la supernova la plus brillante jamais observĂ©e.

« Nous pouvons mesurer les supernova sur deux Ă©chelles : l’Ă©nergie totale de l’explosion et la quantitĂ© de cette Ă©nergie qui est Ă©mise sous forme de lumière observable ou de rayonnement », explique Matt Nicholl, principal auteur de l’Ă©tude publiĂ©e dans Nature Astronomy. « Dans une supernova typique, le rayonnement reprĂ©sente moins de 1% de l’Ă©nergie totale. Mais avec SN2016aps, nous avons constatĂ© que la quantitĂ© de rayonnement Ă©tait cinq fois plus importante. C’est Ă  ce jour la plus grande lumière que nous ayons jamais vue Ă©mise par une supernova ».

Les chercheurs ont également déterminé que la masse de cette supernova était 50 à 100 fois supérieure à celle de notre soleil. À titre de comparaison, une supernova typique présente une masse généralement comprise entre 8 et 15 masses solaires.

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Impression d’artiste de SN2016aps, la supernova la plus brillante enregistrĂ©e Ă  ce jour. CrĂ©dits : Aaron Geller / Northwestern University

Un événement rare

En raison de sa masse et de sa luminositĂ©, les astronomes suggèrent que l’Ă©toile pourrait ĂŞtre un modèle de supernova « pulsatoire Ă  instabilitĂ© de paire » – un Ă©vĂ©nement thĂ©orisĂ© depuis des dĂ©cennies mais jamais observĂ©.

« Pour subir ce type d’explosion, les Ă©toiles doivent naĂ®tre avec des masses incroyablement Ă©levĂ©es : au moins 70 fois la masse de notre soleil », explique Edo Berger, de l’UniversitĂ© de Harvard (États-unis). « De base, on dĂ©nombre peu d’Ă©toiles de ce type, mais l’autre ingrĂ©dient requis est que ces Ă©toiles doivent Ă©galement ĂŞtre nĂ©es de gaz Ă  faible teneur en mĂ©tal. Autrement dit, des gaz qui n’ont pas Ă©tĂ© enrichis par les gĂ©nĂ©rations stellaires prĂ©cĂ©dentes ».

Il faudrait ensuite que deux Ă©toiles de ce type entrent en collision, crĂ©ant une nouvelle Ă©toile instable dans le processus. Dans l’idĂ©e, cette Ă©toile subit alors de violentes pulsations avant de mourir, libĂ©rant de gigantesques coquilles Ă  gaz. Après explosion, si la supernova obtient le bon timing, elle peut alors rattraper l’une de ces coquilles et libĂ©rer une Ă©norme quantitĂ© d’Ă©nergie au moment de la collision.

Selon les chercheurs, un tel Ă©vĂ©nement pourrait donc expliquer la brillance de cette supernova. « Nous pensons que c’est l’un des candidats les plus convaincants pour ce processus Ă  ce jour, et probablement le plus massif », peut-on lire dans l’Ă©tude.

Soulignons enfin que, pendant que les couches extĂ©rieures expulsĂ©es par l’Ă©toile nous proposent un vĂ©ritable spectacle de lumière, son noyau s’est effondrĂ© en un objet incroyablement dense. Il pourrait s’agir d’une Ă©toile Ă  neutrons ou d’un trou noir. Mais parce que SN2016aps est si brillante, les astronomes devront attendre (probablement des annĂ©es) que la lumière s’estompe suffisamment pour pouvoir enfin voir ce qui se cache derrière.