Des arbres pour lutter contre le réchauffement climatique ? Pas si simple

Crédits : Flickr / patrick janicek

Pour ralentir le réchauffement climatique, d’aucuns proposent de planter des arbres dans les zones sèches du globe, ces dernières étant connues pour disposer d’un important potentiel de séquestration du carbone. Toutefois, des travaux publiés dans la revue Science ce 22 septembre montrent que cette technique serait bien peu efficace du point de vue climatique.

Les forêts ont deux effets principaux sur le climat de la planète. D’une part, elles prennent en charge une partie du carbone que nous rejetons dans l’atmosphère et limitent ainsi l’ampleur du changement climatique. De l’autre, elles absorbent plus efficacement le rayonnement solaire par rapport à d’autres surfaces (sable, prairie). En cause, leur albédo relativement bas qui contribue en moyenne à retenir la chaleur.

Les effets antagonistes des pratiques de plantation d’arbres

Ainsi, on réalise la présence d’effets très différenciés. Pour ces raisons, lorsque l’on étudie en détail les projets de plantation d’arbres visant à limiter le réchauffement du climat, les conceptions simples laissent rapidement place à la complexité du monde réel. Une difficulté que viennent confirmer les résultats récemment obtenus par un groupe de chercheurs israéliens sur le reboisement des zones semi-arides.

En s’appuyant sur des données satellitaires à haute résolution, les scientifiques ont montré que la plantation de végétaux à la périphérie de ces zones, une pratique proposée par divers programmes étatiques ou associatifs, conduirait à amplifier le réchauffement dans un nombre significatif de régions, un effet qui va de toute évidence à l’opposé de celui recherché.

arbres
Effet climatique net d’une reforestation de diverses zones arides. En couleurs chaudes, l’effet net conduit à un réchauffement régional, en couleurs froides, à un refroidissement. On voit que le sens de l’effet dépend très fortement de la région concernée. Crédits : Shani Rohatyn & coll. 2022.

Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont calculé la modification du bilan énergétique local qui résulterait du passage d’un sol clair (désert, friches, etc.) à un sol boisé et donc bien plus sombre, en se limitant aux terres arides où la plantation d’arbres serait physiquement possible. Au total, c’est une surface de près de 450 millions d’hectares qui est potentiellement concernée.

Une absorption de carbone compensée par la baisse d’albédo

Si cette dernière était totalement boisée, il en résulterait une capture nette de carbone d’environ 32 milliards de tonnes d’ici à la fin du siècle, ce qui semble prometteur. Toutefois, ce serait oublier qu’en moyenne, la quantité de chaleur solaire absorbée aurait elle aussi augmenté. Ainsi, 22,3 milliards de tonnes, soit les deux tiers de la capture de carbone, serviraient à compenser ce gain de chaleur et non pas à la lutte contre le réchauffement anthropique.

Concernant cette dernière, les auteurs notent que « l’équivalent carbone net compenserait environ 1 % des émissions projetées dans les scénarios d’émissions modérées et de maintien du statu quo sur la même période ». La politique du planter sans compter aurait donc un effet dérisoire, voire contreproductif en termes d’impacts climatiques. Aussi, les chercheurs espèrent que leurs résultats serviront à mieux orienter les politiques de gestion qui reposent sur les arbres comme moyen d’atténuer le réchauffement climatique.