Des aigles ruinent une étude en faisant exploser la facture de SMS

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Crédits : Pixabay

Des chercheurs russes menant une étude sur les aigles des steppes migrateurs se sont retrouvés sans un sou à cause des rapaces. En cause : l’itinérance des données.

Étudier les oiseaux migrateurs n’est pas facile. Néanmoins, ça l’est encore moins quand les sujets s’autorisent quelques détours. En témoigne cette étude récente menée par un groupe d’ornithologues russes, en Sibérie.

L’idée de ces travaux consistait à suivre l’évolution de treize aigles des steppes (Aquila nipalensis).  Cela avait pour but d’en apprendre davantage sur leurs parcours au cours d’une année. Pour suivre ces schémas de migration, les chercheurs ont donc installé des traceurs GPS-GSM sur le dos de chaque sujet.

Ces petits appareils enregistrent les coordonnées de chaque rapace. Ensuite, ils communiquent leurs résultats via des satellites en envoyant des petits textos aux chercheurs dès que l’aigle entre dans une zone de couverture réseau mobile. Si les rapaces évoluent dans des zones sans réseau, les données sont conservées et envoyées dès qu’une occasion se présente.

Un détour qui coûte cher

C’est là que les choses ont commencé à se compliquer. L’un des aigles, nommé Min, s’est autorisé quelques détours lors de son voyage. Il s’est d’abord présenté au Kazakhstan, comme prévu, où il est resté hors de portée cellulaire durant tout l’été. Son traceur n’a été en mesure d’envoyer des données que début octobre… sauf que Min n’était pas sur le chemin du retour à ce moment-là ! En effet, il était en Iran.

Ce détour n’a l’air de rien, mais il a en réalité coûté très cher en SMS. Pour cette étude, les chercheurs disposaient en effet d’un budget assez serré. Ils avaient prévu que les aigles « dépensent » environ deux roubles par SMS (moins de trois centimes d’euros) dans des régions comme le Kazakhstan. Par contre, des frais d’itinérance en Iran ont multiplié les coûts par 25.

Or, tous les messages (des centaines) qui n’avaient pas pu être envoyés depuis le Kazakhstan l’ont été depuis l’Iran. La facture s’élevait en moyenne à environ 90 euros par jour. « Ces coûts ont immédiatement pesé sur notre maigre budget« , expliquent les chercheurs.

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Crédits : Pixabay

Les internautes à la rescousse

Depuis, une campagne de crowdfunding a été mise en place. De nombreuses personnes amusées par cette histoire ont alors voulu apporter leur contribution pour tenter de rembourser les « extras » de l’aigle Min. Plus de 4 500 euros ont été recueillis. De quoi poursuivre ces recherches sans problème pendant encore plusieurs mois.

« C’est magique« , a déclaré l’ornithologue Helena Shnayder. « C’est incroyable de voir comment les gens, tout en riant de cette situation idiote, ont compris le cœur du problème et ont apporté leur aide« .

Si la situation peut effectivement prêter à rire, l’étude est en revanche très sérieuse. L’aigle des steppes se place en effet dans la liste des espèces en voie de disparition (il y en aurait moins de 50 000). Ainsi, plus nous en saurons sur leurs déplacements, plus nous serons à même de pouvoir les protéger.

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