La dérive du climat risque d’entraîner de lourdes pertes de main-d’œuvre dans le monde

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Une étude dirigée par des chercheurs de l’Université de Duke (États-Unis) a montré que les professions nécessitant un travail d’extérieur seront soumises à une pression croissante en raison de l’augmentation des températures et de l’humidité en saison chaude. Aussi, si rien n’est fait pour limiter le réchauffement du climat, les coûts associés à la perte de main-d’œuvre risquent de devenir considérables. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications ce 15 décembre.

En période de fortes chaleurs, il peut s’avérer dangereux de poursuivre les travaux d’extérieur. Dans les pays fortement exposés à cet aléa, il a été suggéré de réorganiser l’emploi du temps des professions liées à l’agriculture, au bâtiment et au service en vue de favoriser les activités aux heures les plus fraîches de la journée. Cette mesure permettrait de limiter les pertes de main-d’œuvre consécutives à la baisse d’efficacité lors des vagues de chaleur.

Un espace d’adaptation qui se réduit à mesure que le climat se réchauffe

Dans une nouvelle étude, un groupe de chercheurs a montré qu’actuellement, 30 % des pertes de main-d’œuvre dans le monde pouvaient être évitées grâce à cette méthode d’adaptation. Cependant, avec le réchauffement du climat, la marge de manœuvre se réduit rapidement. En effet, les heures les plus fraîches de la journée atteignent peu à peu des niveaux de chaleur et d’humidité déjà trop élevés pour que les travailleurs puissent mener à bien des efforts d’extérieur en toute sécurité.

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« Malheureusement, bon nombre des pays et des personnes les plus touchés par les pertes de main-d’œuvre actuelles et futures ne sont pas responsables de la majeure partie des émissions de gaz à effet de serre », note Luke Parsons, auteur principal du papier. « Sous les tropiques, de nombreux travailleurs arrêtent déjà d’œuvrer l’après-midi parce qu’il fait trop chaud ». Sans grande surprise, ce sont les pays de la zone intertropicale qui sont et seront les plus durement touchés.

Les coûts majeurs de la perte de main-d’œuvre

En utilisant un ensemble de données météorologiques et des simulations effectuées par les modèles climatiques pour différents niveaux de réchauffement, les chercheurs ont estimé que pour chaque degré de réchauffement en plus, le potentiel d’adaptation reculait de 2 %. En termes économiques, cela signifie que si la température moyenne du globe augmentait de 2 °C supplémentaires, les pertes résultantes atteindraient plus de mille milliards de dollars par an. Or, c’est précisément la voie que nous sommes en train d’emprunter.

« Notre analyse montre que si nous limitons le réchauffement à 1 °C par rapport aux niveaux actuels, nous pouvons toujours éviter la plupart des pertes de productivité des travailleurs en déplaçant les travaux les plus lourds aux premières heures du matin. Cependant, si le réchauffement dépasse 1 °C, cela devient beaucoup plus difficile », explique Luke Parsons. Des moyens d’adaptation alternatifs devront dans ce cas être pensés. « C’est une courbe qui dérive, cela empire de façon exponentielle à mesure que la température augmente ».