Depuis quand les loups vivent-ils en meute ?

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Crédits : mila-del-monte/pixabay

Les loups vivent et chassent aujourd’hui en meute, mais à partir de quand ces comportements ont-ils évolué ? D’après une récente étude, ces groupes sociaux étaient déjà bien établis il y a au moins 1,3 millions d’années.

Le terme « meute » désigne un groupe de canidés pouvant compter plusieurs dizaines d’individus (entre deux et quinze, plus généralement). Chez les loups, ces groupes sociaux se composent d’un couple reproducteur et de leur progéniture – donc des individus plus jeunes – des deux ou trois années précédentes. Il peut également arriver que d’autres loups extérieurs se joignent à la meute.

Ce type de structure présente l’avantage de pouvoir coopérer et conjuguer les aptitudes. Bref, comme chez les Hommes, d’être plus efficaces. Si les loups peuvent effectivement chasser en solitaire, le fait d’être à plusieurs permet à ces animaux, par exemple, de chasser de très grosses proies, notamment en Amérique du Nord (élan ou bisons).

Ceci dit, depuis quand les loups vivent et chassent-ils en meute ? Difficile à dire. Il est en effet très rare que les archives fossiles conservent les informations permettant d’identifier ce type de comportement.

Au moins 1,3 millions d’années

Récemment, une équipe de chercheurs chinois a eu la chance de pouvoir étudier les restes d’un loup ancestral – Canis chihliensis – découverts dans le bassin de Nihewan, dans le nord de la Chine. Cet hyper-carnivore, beaucoup plus massif que les loups modernes, évoluait dans la région il y a 1,3 millions d’années.

Ces analyses, publiées dans la revue Peerj, ont permis d’isoler le tout premier cas d’infection dentaire chez cette espèce, probablement développée suite à l’écrasement d’un os pour atteindre la moelle contenue à l’intérieur. Ce type de comportement est en effet connu chez les loups modernes lorsqu’ils chassent de grosses proies.

Outre cette infection, les chercheurs ont également signalé une fracture en trois points sur l’un des tibias du spécimen. Une blessure aussi importante neutraliserait normalement n’importe quel animal. Cependant, les analyses ont révélé que ce loup avait survécu suffisamment longtemps pour que cette fracture guérisse.

D’après les chercheurs, le fait que cet individu ait résisté soutient l’idée que les comportements de partage de nourriture, connus chez les loups modernes, étaient donc déjà présents chez cette espèce à son époque. Sans soutien, ce loup aurait en effet été bien incapable de chasser pour se nourrir.

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Images tomodensitométriques du tibia droit de Canis chihliensis. Les notations MC1/MC2/MC3 représentent les cavités médullaires des trois fractions du tibia fracturé. Crédits : Peerj

Des traumas similaires chez Canis dirus

Pour appuyer leur hypothèse, les chercheurs ont également examiné plusieurs spécimens fossiles d’un autre grand canin éteint : Canis dirus. Cette espèce, beaucoup plus jeune, évoluait en Amérique du Nord et en Sibérie il y a entre 55 000 et 10 000 ans.

Des études antérieures ont déjà présenté cet animal comme un prédateur de poursuite de grandes proies, profitant d’une structure sociale probablement similaire à celle des loups gris aujourd’hui. Or, au cours de ces analyses, les chercheurs soulignent avoir isolé des signes d’infections aux dents et des blessures guéries au niveau des pattes similaires à celles de C. chihliensis.

«Il est incroyable de pouvoir analyser les blessures ce loup chinois précoce – et d’identifier des traumatismes similaires chez Canis dirus», a déclaré la docteure Mairin Balisi, de la National Science Foundation. «Les collections des musées sont précieuses pour de nombreuses raisons. Dans ce cas, elles nous ont permis d’observer des comportements partagés entre les espèces, à travers les continents, à travers le temps».