La dépression serait toxique pour le système nerveux

Crédits : BrookLorin / Pixabay

Selon une étude récente menée par des chercheurs de l’Hôpital Sainte-Anne, les personnes qui ont vécu plusieurs épisodes dépressifs au cours de leur vie verraient certaines de leurs capacités cognitives se détériorer de façon durable. Une découverte qui tendrait donc à prouver que la dépression serait une maladie nocive pour le système nerveux.

Sachant qu’en France la dépression touche, ou touchera au minimum une personne sur dix, la découverte réalisée par le Professeur Gorwood et son équipe semble loin d’être anodine. En effet, ces chercheurs de l’Inserm viennent de mettre en évidence, via une étude publiée dans la revue European Neuropsychopharmacology, que les personnes ayant connu au moins deux épisodes dépressifs au cours de leur vie seraient susceptibles de développer un ralentissement psychomoteur durable.

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs français ont testé certaines capacités cognitives chez plus de 2000 sujets ayant vécu entre 1 et 5 épisodes dépressifs au cours de leur existence. Pour ce faire, ils ont eu recours à un test simple appelé TMT (Trailing making test) qui consiste à relier le plus rapidement possible différents cercles dans un ordre précis afin de mesurer l’attention, la flexibilité mentale et la vitesse de traitement de l’information du participant. L’épreuve a d’ailleurs été proposée deux fois à chacun des sujets : une fois pendant l’épisode dépressif, puis six semaines après, lorsque le patient ne présentait plus aucun symptôme résiduel de sa dépression.

Au niveau des résultats, les chercheurs ont constaté que les personnes ayant vécu un seul et unique épisode dépressif mettaient en moyenne 35 secondes pour réaliser le test (TMT A), alors que ceux ayant connu au moins deux épisodes dépressifs pouvaient mettre jusqu’à 1 minute 20, et ce, après rétablissement.

Si l’on savait déjà que la dépression entraînait un important ralentissement psychomoteur, le fait que celui-ci puisse perdurer au-delà de la phase dépressive était par contre jusque-là inconnu. C’est face à ce nouvel élément que les auteurs de la recherche évoquent le potentiel « neurotoxique » de cette maladie.

«Plusieurs autres variables sont potentiellement explicatives (âge, niveau d’étude, activité professionnelle…) mais si on ajuste les paramètres, nos résultats restent extrêmement robustes », a précisé Philip Gorwood, relayé par le site Sciences et Avenir.

Au vu de ces résultats, il devient donc évident que la prise en charge précoce des patients atteints de dépression et la prévention d’éventuelles rechutes sont des éléments essentiels…

Sources: SciencesetAvenirLejournaldelaScience