Grâce à la combinaison d’analyses géochimiques et histologiques de trois dents de lait de Neandertal, des chercheurs ont pu déterminer leur rythme de croissance et le moment du sevrage. Et encore une fois, il semblerait que nous ayons de nouveaux points communs avec nos anciens cousins.
Nos cousins néandertaliens nous ressemblaient bien plus qu’on ne le pense. Il y a deux ans, les analyses d’une trentaine de squelettes avaient en effet suggéré que ces derniers soignaient aussi leurs malades et blessés et venaient en aide aux femmes enceintes. Nous savons également que Neandertal, souvent dépeint comme un être sanguinaire, n’était finalement pas plus violent que l’Homme moderne. Une étude récente publiée dans la revue PNAS nous dépeint de nouveaux points communs.
Des enfants sevrés au même âge
Dans le cadre de ces travaux, des chercheurs de l’Université du Kent (Royaume-Uni) et de l’Université de Bologne (Italie) ont analysé trois dents de lait fossilisées appartenant à trois enfants néandertaliens. Ces derniers auraient vécu il y a entre 70 000 et 45 000 ans, dans une petite région du nord-est de l’Italie.
Rappelons que les dents poussent et enregistrent des informations sous forme de lignes de croissance. Ces dernières peuvent être lues grâce à des techniques histologiques. En combinant ces informations avec des données chimiques obtenues avec un spectromètre de masse laser (concentrations de strontium, notamment), les chercheurs ont alors pu déterminer que les parents de ces petits Néandertaliens avaient introduit des aliments solides dans l’alimentation de leurs enfants vers l’âge de 5 à 6 mois, tout comme chez les parents humains à la même époque.
« Le début du sevrage est lié à la physiologie plutôt qu’aux facteurs culturels », souligne Alessia Nava, coauteure de l’étude. « Chez les humains modernes, la première introduction d’aliments solides se produit généralement vers l’âge de 6 mois, lorsque l’enfant a besoin d’un approvisionnement alimentaire plus énergique. Cette transition est partagée par de nombreuses cultures et des sociétés très différentes. Maintenant, nous savons que les Néandertaliens commençaient également à sevrer leurs enfants au même âge« .
Des demandes énergétiques et un rythme de croissance similaires
Les Néandertaliens ont beau être nos cousins les plus proches dans l’arbre évolutionnaire humain, leur rythme de croissance et leurs contraintes métaboliques au début de la vie étaient encore débattus dans la littérature scientifique. Et pour cause, les archives fossiles de ces jeunes hominidés sont très rares.
Les résultats de cette étude nous éclairent donc un peu plus, suggérant des « demandes énergétiques similaires au cours de la petite enfance et un rythme de croissance serré entre Homo sapiens et Néandertaliens« , écrivent les chercheurs. « Pris ensemble, ces facteurs suggèrent peut-être que les nouveau-nés de Neandertal avaient un poids similaire à celui des nouveau-nés humains modernes, indiquant une histoire gestationnelle probablement similaire« .
Les raisons de leur disparition encore mystérieuses
Ces travaux contredisent également l’idée selon laquelle l’âge du sevrage pourrait avoir contribué à la disparition de nos anciens cousins. Pendant longtemps, certains ont en effet pensé que parce que les Néandertaliens sevraient leurs enfants selon un calendrier différent de celui des humains, cela aurait pu affecter leur taux de fertilité et donc précipité leur extinction. Or, il semblerait que nos deux espèces se soient appuyées sur un calendrier similaire.
Aussi, d’autres facteurs (durée de vie globale plus courte, mortalité juvénile, comportement culturel, concurrence humaine ou changement climatique) peuvent avoir été plus susceptibles d’avoir précipité la chute de Neandertal il y a environ 40 000 ans.