Il y a quelques années, la compagnie aérienne Delta Airlines déclarait vouloir dépenser un milliard de dollars sur dix ans afin de devenir neutre en carbone. Toutefois, la société fait aujourd’hui l’objet d’un recours collectif qui pourrait lui coûter très cher. En effet, les plaignants l’accusent de greenwashing.
Une affaire peu reluisante
Le greenwashing (ou écoblanchiment) désigne les pratiques marketing trompeuses de certaines sociétés qui prétendent respecter l’environnement alors que c’est tout simplement faux ou partiellement vrai. L’affaire la plus tristement célèbre est sûrement celle du Diesel Gate de Volkswagen entre 2009 et 2015. Toutefois, il n’est pas rare que des entreprises se fassent épingler pour greenwashing. Comme l’expliquait le Washington Post dans un article du 31 mai 2023, la compagnie américaine Delta Airlines, l’une des principales compagnies au monde, se trouve au cœur d’une affaire de ce type.
En effet, elle est actuellement ciblée par un recours collectif en justice. En début d’année 2020, Delta Airlines avait déclaré vouloir investir pas moins d’un milliard de dollars sur une décennie dans le but de réduire fortement ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et ainsi afficher un bilan carbone neutre. À grands coups de campagnes de publicité, de publications sur les réseaux sociaux et même de distribution de serviettes en papier à ses passagers, Delta Airlines s’est abondamment présentée comme étant la « première compagnie aérienne neutre en carbone au monde ». Or, les plaignants affirment que cette déclaration est fausse.
Une pratique plus que douteuse
Comme l’affirme le quotidien, Delta Airlines a dépensé 137 millions de dollars dans l’achat de crédits carbone dès 2021. Cela lui a permis de compenser 27 millions de tonnes d’émissions de CO2, notamment grâce à des projets de conservation de forêts tropicales et de zones humides. Pour les plaignants, cette communication les a poussés à faire confiance à cette compagnie. Or, elle a préféré mettre en place des projets de compensation aux résultats faibles, voire polémiques, au lieu de réellement tenter de réduire ses émissions de GES. Plusieurs médias ont d’ailleurs relayé une enquête dont les résultats laissent penser qu’environ 90 % de ces crédits sont des « crédits fantômes » qui n’ont finalement pas débouché sur de réelles réductions des émissions.
Pour Jonathan Haderlein, avocat en charge de l’affaire, il est question d’erreurs méthodologiques graves à la fois intentionnelles et non intentionnelles, ayant pour conséquence une absence de garanties concernant la neutralité carbone de l’entreprise. Néanmoins, Delta Airlines semble avoir modifié son attitude après avoir déclaré en 2022 se concentrer sur la décarbonatation de ses propres activités avec au programme des avions plus économes en carburant ainsi que des carburants plus durables.
Delta Airlines n’est pas la seule compagnie aérienne à s’être retrouvée dans une affaire de greenwashing. En effet, les compagnies Lufthansa, Etihad Airways, Easyjet, KLM ou encore Air France ont déjà été épinglées, notamment pour des campagnes de publicité considérées comme mensongères.