La délicate question de la reproduction humaine dans l’espace

Crédits : Capture vidéo Gravity

La conquête de l’espace est un véritable défi pour l’homme. Si nous arrivons un jour à atteindre le niveau technologique nécessaire pour effectuer des voyages vers des systèmes habitables, un autre défi tout aussi important apparaîtra : celui de la viabilité de la vie humaine dans l’environnement artificiel des vaisseaux spatiaux.

Des obstacles à la reproduction dans l’espace

Alors que le Congrès américain vient de voter une résolution en faveur d’un voyage habité vers Mars en 2033, Maggie Koerth-Baker a abordé la question originale et peu traitée des conditions de la reproduction humaine dans l’espace pour FiveThirtyEight. A priori les choses s’annoncent biologiquement difficiles, et ce, pour plusieurs raisons.

En premier lieu le corps humain voyageant dans l’espace est soumis à un véritable bombardement de particules subatomiques, une exposition bien supérieure à la moyenne terrestre. Ce bain de radiation est bien évidemment nuisible à la reproduction et au bon développement du fœtus. Il s’avère aussi que les organes reproducteurs (gonades, ovaires et testicules) sont très sensibles à cette exposition prolongée.

Deuxième problème : les effets de la microgravité sur le corps humain. Chez la femme, la faible gravité aurait pour conséquence de stopper le cycle d’ovulation ou d’empêcher la grossesse d’arriver à son terme. Dans une des rares études menées sur la question de la reproduction dans l’espace, les rates imprégnées dans l’espace n’avaient pas été capables d’engendrer même après leur retour sur Terre dans un environnement normal. La cause en était la perte du corps jaune (corpus luteum) produisant l’hormone nécessaire au maintien de la grossesse jusqu’à la formation du placenta.

Enfin, un obstacle réside aussi dans la composition de la population d’astronautes. 11 pour-cent seulement des personnes envoyées dans l’espace sont des femmes. L’entraînement avant une sortie effective durant des années, les femmes astronautes ont en général plus de trente-cinq ans lors de leur premier voyage spatial. Enfin, beaucoup d’entre elles prennent des pilules hormonales pour stopper leur cycle menstruel. Ce sont les raisons pour lesquelles aucun cas de relation sexuelle dans l’espace n’a été rapporté jusqu’à présent.

Peu d’études disponibles sur le sujet

Si l’expérience sur les rats a été menée à la fin des années 1970 par la Russie, force est de constater que la reproduction est une question peu traitée par la NASA. L’explication pourrait être que jusqu’à présent, le but premier de l’agence était de mener des missions scientifiques, pas de coloniser l’espace. Les crédits étant limités, les Américains se sont contentés de mener quelques expériences sur la reproduction des insectes dans l’espace. Ainsi, selon la journaliste scientifique, la faiblesse des données disponibles sur le sujet « pose plus de questions que de réponses ».

La question de la sexualité et de la reproduction humaine lors des voyages spatiaux est ainsi restée un sujet d’étude marginal, voire tabou. Ce n’est que depuis quelques années que la NASA a commencé à se pencher vraiment sur l’impact que les voyages spatiaux de longue durée pouvaient avoir sur l’homme.

Dans une courte vidéo traitant du sujet, Christine Laskowski nous explique :

« Les travaux de la NASA ont été fondés dans le cadre de la culture du travail, mais les missions sur Mars impliquent désormais la transformation de l’espace d’un environnement dans lequel on travaille en un environnement dans lequel on peut vivre. »

Ces études pourraient être les prémices d’une nouvelle ère dans la conquête spatiale passant d’une mission exclusivement scientifique à une véritable mission de prolifération de l’espèce humaine dans l’espace.

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