Selon une ONG, le dégazage des navires en pleine mer est une pratique toujours courante

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Une ONG néerlandaise et ses partenaires ont mené une enquête durant plusieurs mois dans les eaux européennes. Selon ces recherches, le dégazage en mer est une pratique toujours d’actualité malgré son caractère illégal et polluant.

Un véritable crime contre l’environnement

Chaque année, pas moins de 3 000 navires rejettent de l’huile minérale dans les eaux européennes. Publié le 22 mars 2022, ce constat est celui de Lighthouse Reports, une ONG basée aux Pays-Bas. Or, ces eaux de cale mazoutées représentent sans conteste une source de pollution importante en mer. À raison de huit dégazages par jour en moyenne, la quantité totale de ces rejets atteint un volume de 200 000 mètres cubes par an, soit 200 millions de litres. Par ailleurs, il faut savoir que ces eaux usées huileuses non traitées contiennent également des métaux et des produits chimiques dangereux.

Il s’agit d’un véritable crime contre l’environnement de la part de ces navires-citernes, cargos et autres porte-conteneurs dont le profit semble être le seul objectif. De plus, si le recours à l’imagerie satellite permet de conclure que les dégazages illégaux en haute mer sont très fréquents, très peu de sociétés responsables sont réellement poursuivies en justice.

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Une détection difficile du dégazage en mer

Le constat est d’autant plus frappant qu’en 2019, seulement 1,5 % des dégazages ont fait l’objet d’une vérification par les autorités étatiques compétentes. Pourtant, l’Agence européenne pour la sécurité maritime (AESM) a élaboré le système CleanSeaNet afin d’améliorer la situation. Concrètement, ce système a pour mission de surveiller et prévenir les déversements en mer, notamment les marées noires, grâce à la technologie radar.

L’organisme de surveillance de l’environnement SkyTruth, un des partenaires de Lighthouse Reports, affirme que depuis le milieu de l’année 2020, des centaines de décharges de cale ont eu lieu. Selon les enquêteurs, les coupables utilisent des pompes spécifiques et falsifient les registres pétroliers. D’autres déchargent la nuit lorsque la technologie radar peut difficilement confirmer s’il y a réellement déversement en mer. De plus, la peur semble régner au sein des équipages et les marins qui refusent de décharger les cales ou décident de parler aux médias. Ils peuvent en effet être menacés de licenciement, voire de détention.

Les dégazages se produisent à plus petite échelle, contrairement aux importants déversements d’hydrocarbures. Toutefois, leur fréquence les rend tout aussi préoccupants. Selon Lighthouse Reports, ces déversements sont inacceptables, mais le problème pourrait trouver une issue favorable pour l’environnement si les autorités nationales compétentes et l’Agence européenne pour la sécurité maritime consentent à intensifier leurs efforts.