Des astronomes repèrent deux galaxies primitives « invisibles »

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Crédits : NASA

Des astronomes de l’Université de Copenhague annoncent avoir isolé deux galaxies auparavant « invisibles » à plus de treize milliards d’années-lumière nichées derrière des voiles de poussière. Pour les percevoir, les chercheurs se sont appuyés sur les ondes radio. Cette nouvelle découverte suggère que l’Univers primitif contient beaucoup plus de galaxies qu’on ne le pensait auparavant.

Percer les voiles de poussière

Le télescope Hubble est capable de sonder profondément l’Univers, permettant aux astronomes de remonter efficacement dans le temps jusqu’à sa petite enfance. Toutefois, Hubble ne peut pas tout voir, surveillant le ciel principalement dans les longueurs d’onde de la lumière ultraviolette et visible. D’autres instruments calibrés pour se focaliser sur d’autres longueurs d’onde peuvent cependant compléter les travaux de Hubble, nous révélant ainsi parfois de nouveaux détails insoupçonnés. C’est exactement ce qui s’est produit ici.

« Nous examinions un échantillon de galaxies très lointaines, dont nous savions déjà qu’elles existaient grâce au télescope spatial Hubble« , explique Pascal Oesch, de l’Université de Copenhague. « Et puis nous avons remarqué que deux d’entre elles avaient une voisine dont nous ignorions l’existence. Ces deux galaxies étant entourées de poussière, une partie de leur lumière est en effet bloquée, ce qui les rend invisibles aux yeux de Hubble« .

Pour ces travaux, les chercheurs se sont appuyés sur le grand réseau d’antennes millimétrique d’Atacama (ALMA), au Chili, spécialisé dans la capture des ondes radio.

Ces deux galaxies ont été nommées REBELS-12-2 et REBELS-29-2. Notez que si leur lumière a parcouru un peu plus de treize milliards d’années pour nous atteindre, elles sont en réalité beaucoup plus éloignées. En prenant en compte le taux d’expansion de l’Univers, les chercheurs estiment que ces deux galaxies évoluent désormais à plus de 29 milliards d’années-lumière de la Terre.

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Grâce au réseau ALMA, deux galaxies auparavant invisibles sont soudainement apparues. Crédits : NASA

10 à 20% des galaxies de l’univers manquent

L’équipe a également calculé qu’entre 10 et 20 % des galaxies de cette époque lointaine, dites de « réionisation de l’univers », pourraient se cacher derrière des voiles ​​de poussière similaires. Autrement dit, cette nouvelle étude suggère que le tout premier Univers contient beaucoup plus de galaxies qu’on ne le supposait auparavant.

« Nous essayons de résoudre le grand casse-tête de la formation de l’Univers et de répondre à la question la plus fondamentale : d’où vient toute cette matière ?« , poursuit l’astronome. « Notre découverte démontre que jusqu’à une sur cinq des premières galaxies peuvent avoir disparu de notre carte du ciel. Avant de pouvoir commencer à comprendre quand et comment les galaxies se sont formées, nous avons d’abord besoin d’une comptabilité appropriée« .

Pour opérer, les astronomes pourront bientôt compter sur un nouvel allié : le James Webb Telescope, spécialisé dans l’infrarouge, dont le lancement est prévu le 22 décembre prochain. Cet observatoire très attendu sera en mesure de « voir » à travers ces voiles de poussière cosmique et de sonder encore plus profondément l’Univers.

Les détails de cette étude sont publiés dans Nature.