Découverte des restes d’un bébé aux yeux bleus vieux de 17 000 ans

bébé squelette
Crédits : Mauro Calattini ; Owen Alexander Higgins and al. Nature Communications, 2024

Une équipe de scientifiques a récemment fait une découverte fascinante dans le sud de l’Italie : les restes d’un bébé ayant vécu il y a environ 17 000 ans, peu après la fin de l’ère glaciaire. Cette découverte, réalisée dans la grotte Grotta delle Mura, à Monopoli (Italie), révèle de précieuses informations sur la vie des premiers humains dans cette région. Grâce à une analyse minutieuse des ossements et de l’ADN, les chercheurs ont même pu reconstituer une partie de l’histoire de cet enfant et découvrir la cause probable de sa mort.

Une découverte rare dans une grotte italienne

La sépulture a été découverte en 1998 par l’archéologue Mauro Calattini et son équipe lors de fouilles dans la Grotta delle Mura. Les restes étaient très bien conservés. Le squelette était celui d’un bébé soigneusement enterré sous deux grandes dalles de pierre.

Découvrir des restes aussi bien préservés d’un enfant de cette période est exceptionnel. En effet, il y a 17 000 ans, nous étions encore à la fin de l’ère glaciaire, une époque où les conditions climatiques étaient extrêmement rudes. Cependant, le sud de l’Italie, plus tempéré que d’autres régions d’Europe, a probablement offert un refuge pour les premiers groupes humains.

Un bébé au destin difficile

Les analyses scientifiques du squelette ont révélé que l’enfant était décédé à l’âge d’environ un an et quatre mois. En examinant de près les dents du bébé, les chercheurs ont découvert des marques révélant qu’il avait traversé de nombreuses difficultés au cours de sa courte vie, probablement liées à des périodes de maladie ou de malnutrition.

Les scientifiques ont également analysé les isotopes de strontium présents dans les dents de l’enfant, qui proviennent de l’eau et de la nourriture consommées. Il ressort que la mère était visiblement restée dans la même région pendant la fin de sa grossesse, ce qui peut paraître inhabituel dans le cas d’une population nomade de chasseurs-cueilleurs qui se déplaçait fréquemment pour chercher de la nourriture.

L’étude suggère que, bien que des problèmes de santé puissent avoir influencé sa mobilité, il est également raisonnable de considérer que la grossesse elle-même a pu simplement limiter ses capacités de déplacement.

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A : Position de la Grotta delle Mura dans la péninsule italienne. B : Stratigraphie et séquence culturelle complète sur le site ; l’emplacement de l’enfant dans la stratigraphie est mis en évidence. C : Photographie de l’enterrement de l’enfant pendant la fouille. Crédits : Mauro Calattini.

Une cause probable de décès liée à une maladie cardiaque

L’un des résultats les plus marquants de cette étude est la découverte de mutations génétiques dans l’ADN de l’enfant. Ces mutations affectent deux gènes associés à une maladie cardiaque congénitale appelée cardiomyopathie hypertrophique. Elle provoque un épaississement des parois du cœur, ce qui rend difficile pour l’organe de pomper efficacement le sang. Les chercheurs pensent que cette maladie aurait causé des complications dès la naissance, voire pendant le développement du fœtus, et qu’elle pourrait avoir contribué au décès prématuré de l’enfant.

Les chercheurs ont également pu en apprendre davantage sur son apparence physique, ce qui nous permet également d’avoir un aperçu global de celle des enfants de cette époque. Le garçon avait très probablement les yeux bleus, la peau foncée et des cheveux bouclés brun foncé à presque noirs.

Enfin, l’analyse ADN a révélé que ce bébé appartenait à un groupe de chasseurs-cueilleurs appelé le groupe Villabruna qui vivait en Italie à la fin de l’ère glaciaire. Ces individus étaient probablement de petite taille, ce qui explique un autre élément découvert par les scientifiques : la consanguinité. Les parents du bébé étaient en effet probablement des cousins germains, une situation courante dans des groupes humains isolés et réduits.

En somme, cette découverte nous permet de mieux comprendre la vie des premiers habitants de l’Europe à une époque où les conditions de survie étaient difficiles. Elle montre que même à l’ère glaciaire, les humains prenaient soin de leurs morts, comme en témoigne la sépulture soignée de cet enfant. En outre, les analyses ADN nous renseignent sur les défis de santé auxquels étaient confrontés ces groupes humains isolés, ainsi que sur les liens de parenté entre leurs membres.