Une nouvelle espèce de reptile venimeux, nommée Microzemiotes sonselaensis, a été récemment découverte dans la formation de Chinle, dans le nord-est de l’Arizona. Cette espèce fascinante vivait durant le Trias supérieur, il y a environ 200 millions d’années.
Un fossile rare
Les stratégies alimentaires des reptiles incluent différentes méthodes pour capturer leurs proies. L’une de ces stratégies est l’utilisation du venin que l’on retrouve chez des groupes de reptiles modernes comme les lézards hélodermatides (à perles) et certains groupes de serpents. Des glandes productrices de venin existent également chez certains varans et iguanes. Cependant, bien que les archives fossiles fournissent des preuves solides de l’utilisation du venin chez certains de ces groupes modernes, il est assez rare de trouver des preuves d’un système d’administration du venin chez les reptiles éteints, d’où l’intérêt de cette nouvelle découverte.
Microzemiotes sonselaensis est un petit reptile mesurant probablement moins de 30 centimètres de long. Bien que sa taille puisse paraître petite, cette espèce possédait des caractéristiques remarquables. Les paléontologues ont en effet découvert un fossile contenant une partie de sa mâchoire avec des dents présentant des rainures caractéristiques similaires à celles observées chez certains reptiles venimeux modernes. Ces rainures n’étaient pas là par hasard. Elles servaient probablement à aider le reptile à injecter du venin dans ses proies.
Microzemiotes représente une découverte clé. Avant cette trouvaille, les preuves d’utilisation du venin chez les reptiles du Trias supérieur étaient en effet limitées à des dents isolées d’un autre reptile appelé Uatchitodon. Microzemiotes est donc le deuxième reptile venimeux connu de cette époque, ce qui élargit considérablement notre compréhension de l’évolution de ces créatures.
Ce qui rend cette découverte d’autant plus intéressante, c’est que les dents de Microzemiotes sont environ dix fois plus petites que celles d’Uatchitodon. Cela suggère que l’évolution du venin a pu se produire de manière indépendante dans différents groupes de reptiles. En d’autres termes, plusieurs espèces, même de tailles corporelles différentes, ont développé cette technique pour attraper leurs proies.

Une découverte qui change notre vision
Cette découverte a des implications profondes pour notre compréhension des reptiles du Trias supérieur. En ajoutant Microzemiotes à la liste des reptiles venimeux connus, les scientifiques commencent à mieux cerner les divers écosystèmes dans lesquels ces créatures évoluaient. Cela nous permet de nous faire une idée plus précise des interactions entre les espèces à cette époque.
L’évolution indépendante du venin, comme le suggère cette découverte, montre également la diversité évolutive des systèmes venimeux chez les reptiles. Cela soulève des questions sur la façon dont ces différentes espèces ont développé des stratégies similaires, même si elles ne sont pas directement liées. Comparer les systèmes venimeux des reptiles anciens à ceux des reptiles modernes, comme les serpents à crocs arrière et les lézards hélodermatides, pourrait fournir des indices précieux sur l’évolution des venins au fil du temps.
