Une équipe d’archéologues annonce avoir identifié la première momie enceinte connue au monde. La femme serait décédée vers l’âge de 25 ans à environ sept mois de grossesse. Les détails de l’étude sont publiés dans le Journal of Archaeological Science.
La dépouille, conservée à l’Université de Varsovie (Pologne) depuis 1826, a récemment fait l’objet d’analyses poussées. Les radiographies et tomodensitogrammes de la momie ont révélé que les restes contenus à l’intérieur appartenaient à une jeune femme décédée vers l’âge de 20 à 30 ans au cours du premier siècle av. J.-C. Ce fut une vraie surprise pour les chercheurs, dans la mesure où les inscriptions du sarcophage indiquaient que la dépouille appartenaient à un prêtre nommé Hor-Djehuty.
Un foetus à l’intérieur
Deuxième surprise, et non des moindres, cette femme était enceinte au moment de son décès. Des squelettes de femmes enceintes ont déjà été retrouvés par le passé, mais une momie avec des tissus mous préservés, c’est une première. Sur la base de la circonférence de la tête du foetus, dont le sexe est indéterminé, les chercheurs ont estimé que cette jeune maman était enceinte de 6,5 à 7,5 mois.
On ignore son nom. En revanche, son statut social était visiblement élevé, en témoigne le soin de la technique d’embaumement et les quelques amulettes retrouvées dans son cercueil.
Les scans ont également souligné plusieurs organes momifiés – probablement les poumons, le foie, l’estomac, les intestins et le coeur – à l’intérieur de la momie. Tous ont été extraits, embaumés, puis replacés à l’intérieur de la cavité abdominale (pratique coutumière dans l’Égypte ancienne).
Plusieurs questions sans réponses
Le foetus, en revanche, aurait été laissé tel quel. Les chercheurs ignorent encore pourquoi. Le bébé, proposent-ils, aurait pu être considéré comme « faisant toujours partie intégrante du corps de sa mère, puisqu’il n’était pas encore né« .
Deuxième hypothèse avancée : la difficulté d’extraire un foetus de cet âge en raison de l’épaisseur et de la dureté de l’utérus. Les embaumeurs auraient ainsi pu juger préférable de laisser le bébé dans le ventre de sa mère, au risque d’endommager les deux corps.
On ne sait pas pourquoi cette jeune femme et son bébé sont morts. « La forte mortalité pendant la grossesse et l’accouchement à cette époque n’est pas un secret« , souligne toutefois Wojciech Ejsmond, qui a dirigé ces travaux. « Par conséquent, nous pensons que la grossesse pourrait d’une manière ou d’une autre avoir contribué à leur décès« . L’équipe espère maintenant analyser de petits échantillons de sang conservés dans les tissus mous de la momie pour tenter de le déterminer.
Enfin, les archéologues ignorent également pourquoi cette momie était à l’intérieur du cercueil d’un homme, mais ce n’est pas une première. D’après les auteurs, jusqu’à 10% des momies pourraient se trouver dans le mauvais cercueil en raison des nombreux pillage opérés au cours de ces dernières siècles.