Découverte : un premier crâne enfant de l’espèce Homo naledi

homo naledi
Crâne d'enfant reconstitué de H. naledi. Les parties sombres sont des parties inférées du crâne. Crédits : Université du Witwatersrand, Johannesburg.

Il est incomplet, mais incroyablement intéressant. Une équipe d’anthropologues annonce la découverte des restes crâniens d’un enfant de l’espèce Homo naledi, une première. Son analyse pourrait jeter un nouvel éclairage sur ce mystérieux groupe d’humains éteints.

Une découverte exceptionnelle

De ce petit crâne, il ne reste que vingt-huit fragments. Tous ont été retrouvés posés aux côtés de six dents associées sur une « étagère calcaire », au fond d’un passage étroit de 15 cm de large sur 80 cm de long du système de grottes Rising Star, en Afrique du Sud. Les chercheurs ont dû se contorsionner pour les atteindre, mais ça valait le coup. Et pour cause, ils sont les seuls restes crâniens connus d’un enfant de l’espèce Homo nadeli.

Homo naledi est une espèce découverte en 2013 par le paléoanthropologue américain Lee Rogers Berger dans le même système de grottes. De cette espèce, on ne sait pas grand-chose. Cependant, elle vaut la peine de chercher. Ces individus évoluaient en effet à une époque intéressante de l’évolution humaine. Il y a environ 250 000 ans, les humains modernes partageaient leur environnement avec plusieurs autres espèces d’Homo, telles que les Néandertaliens et Homo erectus.

« Homo naledi reste l’un des anciens parents humains les plus énigmatiques jamais découverts« , confirme Lee Berger, anthropologue à l’Université de Witwatersrand.

Aussi, la découverte de ce premier crâne d’enfant (qui fait l’objet de deux articles publiés dans la revue PaleoAnthropology) est importante. Elle pourrait en effet nous apprendre de nouvelles choses sur cette espèce, notamment sur ses taux de croissance et de développement.

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Une vue du crâne reconstruit tenu par une main humaine qui donne une idée de l’échelle. Crédits : Université du Witwatersrand, Johannesburg.

Encore beaucoup d’interrogations

Les chercheurs ont découvert ces restes en 2017. Aucun signe de blessure n’a été isolé, et la cause du décès n’a pas encore pu être déterminée. On estime que cet enfant baptisé Leti avait entre quatre et six ans au moment de sa mort. En revanche, il s’agit d’une estimation basée sur un modèle de croissance dentaire compatible avec les humains modernes. On ignore également le sexe de l’enfant, tout comme son poids ou sa taille.

Enfin, les chercheurs n’ont pas voulu prendre le risque de dater ces fragments, de peur de les abîmer, le processus étant invasif. Selon eux, l’enfant aurait probablement vécu durant la même période que ses congénères, dont les restes ont été retrouvés dans la même grotte, soit il y a entre 236 000 et 335 000 ans. À l’avenir, ils n’excluent pas l’idée de dater ces restes avec plus de précision.

Quant à savoir pourquoi le crâne de Leti s’est retrouvé à cet endroit, là encore, c’est un mystère. « Cependant, on ne remarque aucun dommage visible de prédateur ou de charognard sur aucune partie du crâne, ni aucune preuve suggérant que les sédiments entourant Leti ont été déplacés par l’eau ou d’autres moyens qui auraient pu entraîner le dépôt du crâne dans cet endroit éloigné« , souligne l’anthropologue. « Par conséquent, nous émettons l’hypothèse que Leti ait été placé dans le passage par un autre individu« . Si tel est le cas, alors la raison d’un tel placement particulier pourrait avoir quelque chose à voir avec la façon dont les peuples anciens traitaient les morts.