Une étude néerlandaise récente a mis en lumière une solution permettant de régler le problème de la résistance des cellules cancéreuses aux thérapies antihormonales dans le cadre du cancer de la prostate. Selon les scientifiques, cette découverte pourrait faire gagner une décennie de recherche.
De nouvelles protéines à cibler
La prostate est une glande de l’appareil reproducteur de l’homme régulièrement concernée par le cancer. Le développement de la maladie se caractérise par une surproduction d’hormones androgènes. Ainsi, un des moyens possibles pour ralentir la progression du cancer est de réduire ce même taux d’hormones à l’aide de thérapies antihormonales. Toutefois, si la méthode fonctionne efficacement chez certains patients, il est assez fréquent que les cellules cancéreuses résistent à ces mêmes thérapies. Dans une publication dans la revue Cancer Discovery le 27 juin 2022, le Netherlands Cancer Institute (Pays-Bas) explique cependant avoir découvert une « solution potentielle inattendue ».
Cette solution n’a pas pour objectif de combattre directement le cancer, mais plutôt de cibler des protéines en particulier. Plus précisément, les scientifiques soulignent la découverte d’une classe de protéines capables de réguler le rythme circadien et donc de réduire les effets des traitements antihormonaux. Il s’avère que les cellules cancéreuses de la prostate n’ont plus de rythme circadien, mais que lors des thérapies hormonales, les protéines de l’horloge circadienne adoptent une nouvelle fonction en maintenant en vie ces mêmes cellules cancéreuses malgré le traitement.
Augmenter l’efficacité de la thérapie antihormonale
L’étude intégrait les tissus de 56 patients atteints par un cancer de la prostate à un stade avancé et ayant pris un traitement antihormonal durant trois mois. Les résultats de ces recherches ont permis de découvrir que les gènes qui maintiennent les cellules tumorales en vie étaient soudainement sous le contrôle d’une protéine qui régule habituellement l’horloge circadienne des cellules saines. Désormais, les chercheurs vont travailler avec l’Institut néerlandais Oncode afin de trouver des stratégies pour bloquer le processus. Cela permettra ainsi d’augmenter les performances de la thérapie antihormonale pour la lutte contre le cancer de la prostate.
Ces travaux ont en tout cas fait comprendre aux scientifiques que pour trouver de nouveaux traitements contre le cancer de la prostate, il fallait parfois sortir des sentiers battus en testant notamment des médicaments qui affectent les protéines de l’horloge circadienne. Les chercheurs affirment que cette piste permettra de réadapter les traitements tout en y associant différentes thérapies déjà existantes, ce qui pourrait faire économiser une décennie de recherche.