En 1541, lors de l’expédition du conquistador espagnol Francisco Vázquez de Coronado, un groupe de colons espagnols installait la première colonie européenne dans le sud-ouest des États-Unis, dans ce qui est aujourd’hui l’Arizona. Cet avant-poste, baptisé San Geronimo III, fut attaqué et détruit par des membres de la tribu amérindienne Sobaipuri O’odham, dans l’un des premiers soulèvements amérindiens réussis. Aujourd’hui, une découverte archéologique sur le site de cette colonie a révélé un artefact inattendu et d’une grande importance : un canon en bronze, la plus ancienne arme à feu jamais retrouvée sur le continent américain. Cette découverte, datée du seizième siècle, ouvre une nouvelle perspective sur les premiers contacts entre Européens et Amérindiens tout en soulignant l’ampleur des tentatives de colonisation espagnoles et l’échec de ces dernières dans cette région.
L’expédition de Coronado et l’échec de la colonisation
L’expédition menée par Francisco Vázquez de Coronado en 1539 avait pour objectif la découverte des mythiques sept cités d’or dans le sud-ouest des États-Unis. Cette quête fut un échec total, puisque ces cités légendaires n’existaient pas. Cependant, l’expédition marqua un tournant dans les relations entre Européens et peuples autochtones puisqu’elle est considérée comme la première tentative sérieuse de colonisation européenne dans cette région.
En 1541, après avoir exploré plusieurs zones de l’actuel Nouveau-Mexique et de l’Arizona, Coronado établit une colonie à San Geronimo III, un site stratégique. Bien que fondée pour établir un pied-à-terre espagnol, cette colonie fut rapidement attaquée par les Sobaipuri O’odham, une tribu locale qui résista à l’occupation européenne. Les colons espagnols, pris au dépourvu par l’attaque, furent massivement tués avant même que des mesures de défense efficaces ne soient prises. Cet événement est important, car il marque le premier soulèvement amérindien réussi contre les colonisateurs européens dans cette région.
La découverte d’une arme à feu en bronze
C’est sur le site de San Geronimo III, dans les ruines de la structure espagnole, que les archéologues ont retrouvé un hackbut, un canon en bronze daté de la fin du 15e siècle. Ce canon, qui faisait partie des équipements militaires destinés à protéger la colonie, est un exemple précoce de l’arme à feu en Europe. Cependant, il n’a jamais été utilisé dans la bataille. L’examen de l’arme montre l’absence de résidus de poudre noire, ce qui suggère qu’elle n’a pas été chargée ni tirée lors de l’attaque.
Cela soulève une question fascinante : pourquoi cette arme n’a-t-elle pas été utilisée pour défendre la colonie ? Les raisons restent incertaines, mais certains historiens estiment que l’attaque a été tellement rapide et bien coordonnée que les Espagnols n’ont jamais eu le temps de préparer une défense adéquate. De plus, le canon lui-même était déjà une arme obsolète pour l’époque et datait probablement d’une époque antérieure au départ de Coronado. Néanmoins, cette découverte représente une avancée majeure dans la compréhension des premières tentatives de colonisation en Amérique.
Une découverte symbolique de la résistance amérindienne
La découverte du canon n’est pas seulement une trouvaille archéologique fascinante ; elle fait également écho à l’histoire de la résistance amérindienne face à la colonisation européenne. Le soulèvement des Sobaipuri O’odham, qui a mené à la destruction de la colonie, symbolise la capacité des peuples autochtones à repousser les tentatives de domination étrangère. Il ne faut donc pas sous-estimer l’importance de ce soulèvement.
Il aura en effet marqué un tournant dans l’histoire de la résistance autochtone. Après cette défaite, les Européens ne reviendront dans cette région du sud-ouest américain pendant près de 150 ans, jusqu’à l’arrivée des missions espagnoles plus au sud. L’arme retrouvée, laissée dans une structure en ruines, témoigne donc d’un moment clé de l’histoire de la colonisation européenne en Amérique et de la résilience des peuples autochtones.