Découverte d’une nouvelle espèce de requin-marteau

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Crédits : Carlos Grillo/istock

Une équipe de chercheurs annonce avoir identifié une nouvelle espèce de requin-marteau, Sphyrna alleni, qui se cachait jusque-là parmi une population de requins que l’on pensait bien connue. Cette espèce, dotée d’une forme de tête distinctive en « pelle », vient enrichir la famille des requins-marteaux qui est connue pour sa morphologie particulière et ses comportements atypiques. 

Une découverte inattendue

Les requins-marteaux, en particulier ceux de l’espèce Sphyrna tiburo, sont reconnus pour la forme de leur tête caractéristique, appelée céphalofoil. Cette structure latéralement étendue leur confère une meilleure stabilité et une vision périphérique améliorée, un atout pour la chasse. Toutefois, l’apparence similaire de plusieurs individus avait conduit les scientifiques à regrouper ces requins sous une seule et même espèce. Ce n’est qu’en analysant de manière plus approfondie 23 spécimens de requins de l’Atlantique et du Pacifique que des différences frappantes ont été découvertes.

En surface, ces requins semblaient identiques, mais en examinant leurs vertèbres et en effectuant des analyses génétiques, les scientifiques ont pu détecter des variations significatives. Ces distinctions ont permis d’identifier une nouvelle espèce qui n’avait jamais été répertoriée auparavant : Sphyrna alleni.

Le nom de cette nouvelle espèce rend hommage à Paul Allen, le cofondateur de Microsoft, dont la fondation a financé de nombreuses recherches sur les requins et les raies. Ce requin est officieusement surnommé « Shovelbill » (littéralement « bec de pelle » au Bélize, où le premier spécimen de cette nouvelle espèce a été collecté) en référence à la forme encore plus accentuée de son céphalofoil qui rappelle donc une pelle.

La découverte de ce nouveau requin-marteau divise désormais en deux la population connue dans l’Atlantique Ouest. Elle montre à quel point notre compréhension de la biodiversité marine est encore loin d’être complète et souligne l’importance des recherches en génétique et en anatomie comparée.

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Crédits : Cindy Gonzalez

Un mode de vie unique

Les requins-marteaux, et en particulier ceux appartenant à la famille Sphyrna tiburo, se distinguent par des comportements alimentaires atypiques dans le monde des requins.

Alors que la plupart des requins sont considérés comme des carnivores stricts, se nourrissant presque exclusivement de poissons, de crustacés et d’autres proies marines, les Sphyrna tiburo sont des omnivores. En plus de consommer des proies animales, ces requins ingèrent notamment des plantes marines, principalement des herbiers marins, à leur alimentation. Ces poissons sont en effet capables de tirer des nutriments des herbiers grâce à un système digestif modifié qui leur permet de dégrader les composés complexes des végétaux marins. Ce régime alimentaire mixte leur confère une certaine flexibilité écologique, les aidant à survivre dans des environnements où les ressources animales peuvent être limitées.

En ce qui concerne ce nouveau requin marteau, les chercheurs estiment qu’il pourrait présenter des caractéristiques alimentaires similaires à celles de Sphyrna tiburo compte tenu de leur parenté proche et de leur habitat partagé. Toutefois, comme Sphyrna alleni n’a été découvert que récemment, des études plus approfondies sont nécessaires pour comprendre pleinement son régime alimentaire. Il est possible que cette nouvelle espèce ait également développé une stratégie omnivore, mais elle pourrait aussi révéler des adaptations uniques encore inconnues.

La compréhension de leur alimentation est cruciale non seulement pour des raisons écologiques, mais aussi pour la conservation. Les herbiers marins, qui constituent une part importante de l’écosystème dans lequel évoluent ces requins, jouent en effet un rôle essentiel dans la séquestration du carbone et la protection des côtes contre l’érosion. Par conséquent, étudier les interactions entre ces requins et leur environnement peut fournir des informations clés pour leur préservation et la gestion des écosystèmes marins.

L’étude est publiée dans la revue Zootaxa.