Découverte des maisons funéraires en Norvège : une fenêtre sur les rituels du passé

viking maisons funéraires
Interprétation artistique de l'une des maisons funéraires de Skeiet. Le tumulus est indiqué par les lignes conjecturées. Crédits: Sauvage et Macphail 2024 ; illustration d'Arkikon, NTNU University Museum

Les fouilles archéologiques menées à Skeiet, dans le village de Vinjeøra en Norvège, ont révélé des structures remarquables et mystérieuses qui datent de l’âge du fer et de l’âge viking, soit entre 500 et 950 après J.-C. Ces maisons funéraires, analysées par les chercheurs Raymond Sauvage et Richard Macphail, offrent un éclairage nouveau sur les pratiques funéraires de l’époque et révèlent des aspects méconnus des relations entre les vivants et les morts dans ces sociétés anciennes.

Les maisons funéraires : des lieux de culte et de mémoire

Parmi les découvertes les plus intrigantes figurent trois maisons funéraires. Contrairement aux sépultures traditionnelles, ces structures ne contenaient pas de tombes permanentes, ce qui les distingue des autres structures connues en Scandinavie. Les maisons funéraires de Skeiet étaient toutefois dotées de portes et d’entrées basses, ce qui obligeait les visiteurs à s’accroupir pour y pénétrer, signe que ces lieux étaient conçus pour permettre un accès fréquent aux vivants. Cette configuration suggère que les maisons funéraires étaient utilisées pour des rituels récurrents où les vivants venaient rendre hommage aux défunts.

Les fouilles ont également révélé des sols piétinés à l’entrée des maisons, témoignant de leur fréquentation régulière. Les rituels associés à ces maisons pourraient avoir inclus des offrandes ou des repas partagés avec les morts, rappelant certaines traditions prémodernes de Norvège où nourriture et boissons étaient laissées sur les tombes pour être partagées avec les défunts.

De plus, les vestiges retrouvés à l’intérieur de ces maisons, tels que des fragments d’os, des pointes de flèches et des clous, apportent également des indices sur leur fonction. Par exemple, la présence d’ossements de chevaux pourrait indiquer des sacrifices rituels similaires au blót nordique, un rite sacrificiel mentionné dans les récits de l’ancienne religion scandinave. En outre, les traces de brûlure sur les os d’animaux suggèrent qu’ils ont pu être cuits et consommés lors de repas rituels en l’honneur des morts.

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Photographie de la tranchée murale creusée dans l’une des maisons funéraires présentant des supports en pierre surélevés. Crédits : NTNU University Museum.

Un symbole de continuité au fil des siècles

Les trois maisons funéraires découvertes ont été utilisées pendant des périodes allant jusqu’à 200 ans, malgré les changements dans les pratiques funéraires environnantes, passant de la crémation à l’inhumation. Cette continuité d’utilisation indique que les maisons funéraires jouaient un rôle essentiel dans les rituels familiaux, indépendamment des évolutions culturelles et religieuses.

Malgré ces découvertes, de nombreuses questions restent en suspens. L’absence de sépultures permanentes dans ces maisons funéraires pose notamment un mystère. Il est possible que ces structures aient servi à entreposer temporairement les corps pendant les préparatifs funéraires, une pratique similaire à celle décrite par Ibn Fadlan, le voyageur du dixième siècle qui observait des rituels funéraires nordiques en Russie.

Par leur singularité et leur complexité, les maisons funéraires de Vinjeøra restent donc en partie énigmatiques. Les chercheurs soulignent la nécessité de poursuivre les études pour mieux comprendre leur usage et leur signification. Une attention accrue à l’intérieur des maisons pourrait plus particulièrement révéler des détails cruciaux sur leur aménagement et leur relation avec les tumulus funéraires environnants. Ces découvertes ouvrent ainsi de nouvelles voies pour explorer les rituels funéraires nordiques et la manière dont les sociétés anciennes honoraient leurs morts.