Découverte l’année dernière, la baleine de Rice se rapproche de l’extinction

baleine de Rice
Crédits : NOAA

Plusieurs dizaines de scientifiques viennent de signer une lettre ouverte adressée au Président Biden. Ils exhortent ce dernier à mettre en place des mesures urgentes visant à sauver la Baleine de Rice. Découverte l’année dernière, cette espèce ne compterait plus qu’une cinquantaine d’individus.

Une baleine au bord de l’extinction

La baleine de Rice (Balaenoptera ricei) est une espèce endémique de la région nord-est du golfe du Mexique, ce qui en fait la seule espèce de cétacé qui vit exclusivement dans les eaux américaines. L’espèce avait initialement été confondue avec une autre : la baleine de Bryde (Balaenoptera brydei). Toutefois, l’année dernière, les analyses génétiques d’un spécimen retrouvé échoué sur une plage ont permis de constater que ces mammifères sont à la fois morphologiquement et génétiquement distincts.

L’identification de cette nouvelle espèce a naturellement conduit les biologistes marins à faire des observations de suivi. Et malheureusement, les résultats ne sont pas bons. Les chercheurs estiment en effet qu’il ne reste que 51 individus. Si l’espèce est bien classée en danger critique d’extinction par l’UICN, par la loi américaine sur les espèces en voie de disparition et par la loi sur la protection des mammifères marins, les menaces auxquelles elles doivent faire face (industrie pétrolière et gazière, trafic maritime) sont encore trop importantes.

Conscients de l’urgence, plusieurs dizaines de chercheurs en appellent au gouvernement américain pour mettre en place davantage de mesures de protection. « À moins que des mesures de conservation importantes ne soient prises, les États-Unis risquent de provoquer la première extinction anthropique d’une espèce de grande baleine« , peut-on lire dans une lettre ouverte adressée à l’administration Biden. « Avec une abondance si faible, la perte d’une seule baleine menace la survie de l’espèce. »

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Une baleine de Rice de 11,5 mètres échouée sur la côte de la Floride en 2019. Crédits : Parc national des Everglades de Floride)

Plusieurs menaces

Ces baleines seraient particulièrement sensibles à la pollution sonore créée lors des levés sismiques opérés dans le but de détecter d’éventuels gisements. Pour ce faire, les entreprises font en effet exploser la colonne d’eau avec de puissantes ondes sonores. Or, nous savons que ces dernières peuvent perturber la communication, la navigation et les comportements alimentaires des mammifères marins.

Dans cette lettre, il est notamment rappelé que l’administration Biden envisage un nouveau programme quinquennal de location de pétrole et de gaz offshore. Autrement dit, pendant cinq ans, des entreprises seraient autorisées à faire les levés sismiques dans la région. Les chercheurs exhortent donc le gouvernement à abandonner ce programme.

Ils évoquent également le risque de marée noire inhérent à ces activités pétrolières. En 2010, la catastrophe de Deepwater Horizon (416 000 tonnes de pétrole rejetées dans le golfe du Mexique) a en effet été responsable de la mort d’environ 20% de la population de baleines de Rice. Un autre événement de ce genre pourrait donc signer la fin de l’espèce.

Enfin, les chercheurs évoquent la menace posée par les collisions avec des navires, en particulier la nuit, lorsque les baleines se reposent dans les quinze mètres supérieurs de la colonne d’eau. Plusieurs voies de navigation majeures traversent actuellement l’habitat des cétacés.

Pour l’heure, l’administration Biden n’a fait aucun commentaire.