Grâce à des radars, des chercheurs ont récemment détecté le lit d’un énorme et ancien lac enfoui sous la calotte glaciaire du Groenland. C’est la première fois qu’une telle structure est découverte dans la région.
La calotte glaciaire du Groenland est une vaste masse de glace (le second réservoir après l’Antarctique) couvrant environ 1 710 000 kilomètres carrés (79% de la superficie du Groenland) et atteignant 3,2 kilomètres de profondeur à certains endroits. Sous cette glace se cachent une multitude d’indices permettant aux chercheurs de mieux appréhender les conditions environnementales passées de cette région.
Pendant longtemps, il était impossible de pouvoir accéder à toutes ces informations. Désormais, les progrès réalisés dans le domaine des technologies radar permettent aux chercheurs d’avoir un premier aperçu de ce qui se cache sous ces milliards de tonnes de glace.
Une structure gigantesque sous 1,8 km de glace
Récemment, grâce à des données gravimétriques et magnétiques fournies par la NASA, des scientifiques ont pu identifier les restes d’un ancien lac sous 1,8 km de glace qui, jadis, s’étendait sur environ 7 100 kilomètres carrés. La structure, qui s’enfonçait à près de 250 mètres de profondeur à certains endroits, était alimentée par plus d’une douzaine de ruisseaux.
La période durant laquelle ce lac s’est formé reste encore mystérieuse. Les chercheurs pensent qu’il pourrait être aussi vieux que trente millions d’années, ou avoir vu le jour il y a quelques centaines de milliers d’années à peine. Toujours est-il que, pour des raisons probablement climatiques, le lac s’est peu à peu asséché pour ne laisser derrière lui qu’un lit de sédiments de 1,2 kilomètre de profondeur, scellé par la glace. C’est la première fois que ce type de caractéristique sous-glaciaire est découvert.
Le meilleur moyen d’en apprendre davantage serait de forer
« Si nous pouvions atteindre ces sédiments, ils pourraient nous dire quand la glace était présente ou absente », souligne en effet Guy Paxman, de l’Université Columbia et principal auteur du rapport. Des échantillons de sédiments pourraient également nous livrer des signes de vie ancienne sous forme de spores végétales ou d’autres matières organiques.
Naturellement, une telle entreprise ne se fera pas du jour au lendemain, tant les défis techniques et budgétaires sont importants. Le dernier grand forage de carottes de glace au Groenland (Greenland Ice Sheet Project 2) a eu lieu dans les années 1990 et n’a pas été répété depuis.
D’autant qu’un autre projet – nommé GreenDrill – visant à forer à travers la glace jusqu’au substrat rocheux sous-jacent, est également déjà dans les papiers. Celui-ci promet de faire la lumière le passé de la calotte glaciaire. De cette façon, les chercheurs pourront affiner leurs prédictions sur la façon dont elle pourrait contribuer à la hausse du niveau des océans. Pour rappel, la calotte glaciaire du Groenland contient suffisamment d’eau pour élever ce niveau de plus de sept mètres.
Enfin, ce n’est pas la première fois que des chercheurs découvrent des formations géographiques sous la glace. L’année dernière, 54 possibles lacs sous-glaciaires contenant de grandes étendues d’eau piégée on également été identifiés au Groenland.