Dans la région du Pölstal, au nord-ouest de Judenburg (Autriche), une découverte archéologique exceptionnelle suscite l’émerveillement et la perplexité des experts. Une série de tumulus funéraires, alignés de manière inhabituelle, a été mise au jour grâce à des techniques de prospection modernes. Cette trouvaille pourrait révolutionner notre compréhension des pratiques funéraires en Europe centrale.
Des technologies de pointe pour sonder le passé
Les tumulus, habituellement invisibles à l’œil nu, ont été révélés grâce à l’utilisation de radars de sol et de techniques de prospection géophysique. Ces méthodes permettent d’explorer les structures souterraines sans les endommager, à l’image d’une radiographie appliquée à la terre.
« En seulement trois jours, nous avons cartographié 25 hectares de terrain et identifié plusieurs grandes structures funéraires ainsi que des monuments plus petits », explique Klaus Löcker, spécialiste en géophysique appliquée à Geosphere Austria. Ces analyses se concentrent sur une zone située près du col Triebener Tauern, un passage stratégique depuis l’Antiquité.
Une disposition jamais vue en Europe centrale
Ce qui rend cette découverte unique, c’est l’organisation des tumulus. Disposés en trois longues rangées orientées est-ouest, ces monuments s’étendent sur plusieurs centaines de mètres. « Les tumulus sont alignés comme des perles sur un collier, espacés d’environ 50 à 80 mètres, avec de plus petits monuments entre eux », détaille Löcker.
Markus Egg, archéologue renommé, compare cet agencement à celui de Stonehenge et de ses environs, où des structures rituelles similaires ont été observées. Cependant, il précise que cette configuration reste « presque sans précédent » en Europe centrale.
Une datation encore incertaine
L’âge exact des structures reste un mystère, car seule une excavation pourrait fournir des éléments tangibles pour une datation précise. Les archéologues estiment cependant que ces tumulus pourraient dater de l’âge du fer (800 à 500 avant J.-C.), période correspondant à la culture de Hallstatt, connue pour ses pratiques funéraires élaborées.
« Les tumulus de cette taille et de cette organisation ne correspondent pas aux caractéristiques de l’âge du bronze ou de la période laténienne, ce qui renforce notre hypothèse », affirme Löcker. À proximité, le célèbre « char cultuel de Strettweg », découvert à seulement 20 kilomètres, date également de cette époque.
Un site au potentiel international
Au-delà de leur âge, ces monuments intriguent aussi par leur signification. Qui étaient les personnes inhumées dans ces tumulus ? « Il s’agissait probablement d’individus de haut rang social, hommes ou femmes », explique Löcker. Mais leur identité exacte, ainsi que les rituels associés à leur inhumation, restent à découvrir.
Des fouilles pourraient commencer dès 2025 ou 2026 pour éclaircir ces mystères. En attendant, cette découverte est déjà saluée comme un site d’intérêt national et international.
Vers une meilleure compréhension des cultures anciennes
Cette trouvaille illustre l’importance des nouvelles technologies dans l’archéologie moderne. Elle ouvre une fenêtre sur des pratiques funéraires oubliées et soulève des questions passionnantes sur l’organisation sociale et les croyances des peuples de l’âge du fer en Europe centrale.
Avec des investigations supplémentaires, ce site pourrait devenir une référence dans l’étude des cultures anciennes, comparable aux grands sites comme Stonehenge ou la nécropole de Hallstatt. Une preuve supplémentaire que le passé a encore bien des secrets à dévoiler.