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Une découverte géologique pourrait résoudre le mystère de l’apparition de la vie

L’origine de la vie sur Terre reste l’une des plus grandes énigmes scientifiques. Comment les premières molécules se sont-elles formées et organisées pour donner naissance à des cellules vivantes ? Une théorie largement acceptée repose sur le rôle crucial des acides nucléiques, comme l’ADN et l’ARN, dans ce processus. Ces molécules sont en effet capables de stocker des informations génétiques et de se répliquer, ce qui permet l’évolution et la complexité biologique que nous observons aujourd’hui. Mais comment ces acides nucléiques ont-ils réussi à se répliquer dans les conditions hostiles de la Terre primitive ? Une étude propose un nouveau scénario géologique qui pourrait apporter des réponses fascinantes à cette question.

Les acides nucléiques : les briques de la vie

Les acides nucléiques, principalement l’ADN et l’ARN, jouent un rôle essentiel dans tous les organismes vivants. Ils sont souvent comparés à des plans de construction ou des recettes qui contiennent les instructions nécessaires à la fabrication des protéines, les éléments de base des cellules. Pour que la vie apparaisse et évolue, ces molécules doivent être capables de se copier elles-mêmes, un processus appelé réplication. Cela permet aux organismes de croître, de se reproduire et de s’adapter à leur environnement.

Dans le détail, la réplication de ces molécules permet l’adaptation à l’environnement en facilitant l’apparition de mutations et de variations génétiques. Lorsqu’une molécule se copie elle-même, il peut y avoir des erreurs ou des variations dans le processus de réplication, appelées mutations. Ces mutations introduisent alors de la diversité au sein des organismes.

Certaines de ces variations peuvent offrir un avantage dans un environnement donné, par exemple une meilleure résistance à une condition spécifique (chaleur, froid, manque de ressources, etc.). Si ces mutations confèrent un avantage, les organismes qui en sont porteurs auront plus de chances de survivre et de se reproduire en transmettant ces modifications avantageuses à leurs descendants. Ce processus, appelé sélection naturelle, est au cœur de l’évolution et de l’adaptation des espèces à leur environnement.

Les défis de la réplication dans la Terre primitive

Sur la Terre primitive, où les conditions étaient bien plus extrêmes qu’aujourd’hui, la réplication des acides nucléiques a probablement été l’un des premiers mécanismes à se mettre en place pour permettre l’apparition de la vie. Néanmoins, ce processus n’est pas si simple. Pour qu’une molécule d’ADN ou d’ARN puisse se répliquer, elle doit en effet d’abord se diviser en deux brins. Or, cette séparation est compliquée par les conditions environnementales, comme la concentration en sel ou la température, qui jouent un rôle crucial dans la stabilité des molécules. La question qui se pose est donc : comment les premières molécules d’ADN ou d’ARN ont-elles pu se répliquer naturellement dans un environnement si instable ?

Dans le cadre d’une nouvelle étude, des chercheurs de l’Université Ludwig-Maximilians de Munich ont imaginé un scénario naturel dans lequel cette séparation pourrait se produire sans détruire les molécules. C’est là qu’intervient cette nouvelle hypothèse.

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Un environnement propice à la réplication : Les pores rocheux

Selon les chercheurs, les conditions naturelles dans les pores rocheux de la Terre primitive auraient pu permettre la réplication des acides nucléiques. Imaginez de petites cavités présentes dans les roches volcaniques où l’eau et le gaz peuvent interagir dans des environnements clos. Sur les îles volcaniques, ces conditions étaient jadis courantes, offrant des environnements secs et humides propices à la formation de molécules complexes.

L’idée est simple, mais ingénieuse : de l’eau s’évaporait à travers ces pores tandis qu’un flux de gaz percolait à travers la roche. Cela aurait créé un environnement où les molécules d’acides nucléiques pouvaient s’accumuler, favorisant leur concentration et potentiellement leur réplication. Le mouvement de l’eau et du gaz induisait des changements dans la concentration de sel, un facteur clé pour la séparation des brins d’ADN et d’ARN.

L’expérience en laboratoire

Pour tester cette théorie, les chercheurs ont recréé cet environnement en laboratoire. Ils ont construit un modèle de pore rocheux où un flux d’eau montait tout en s’évaporant à un point de rencontre avec un flux de gaz. À cette interface entre le gaz et l’eau, ils ont observé une accumulation de molécules d’ADN. En seulement cinq minutes, la concentration d’ADN avait triplé et au bout d’une heure, elle était trente fois plus élevée.

Toutefois, cette concentration n’était pas suffisante. Il fallait aussi que les brins d’ADN puissent se séparer pour que la réplication se poursuive. Grâce à une technique appelée spectroscopie FRET, qui permet de mesurer la distance entre deux brins d’ADN, les chercheurs ont alors constaté que la dynamique du flux de gaz et d’eau induisait des changements dans la concentration en sel, favorisant la séparation des brins. En d’autres termes, sans avoir à changer la température, cet environnement naturel reproduisait les conditions nécessaires à la réplication de l’ADN.

Un pas vers la compréhension de l’origine de la vie

Ces résultats sont fascinants, car ils montrent qu’un environnement géologique simple, que l’on trouvait probablement en abondance sur la Terre primitive, pourrait avoir permis la réplication des premières molécules d’acides nucléiques sans nécessiter de températures extrêmes. Cela élargit les possibilités pour comprendre comment la vie a pu émerger non seulement sur Terre, mais aussi sur d’autres planètes qui pourraient offrir des conditions similaires.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.