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Des chercheurs font une découverte fascinante sur les éléphants d’Afrique

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Crédits : Mongkolchon Akesin/istock

À l’instar des humains, de nouvelles recherches suggèrent que les éléphants d’Afrique pourraient aussi s’adresser les uns aux autres avec des noms individuels spécifiques. Si elle se confirme, cette découverte pourrait avoir des implications fascinantes pour l’évolution du langage. 

Les noms individuels, une caractéristique humaine ?

Les noms personnels sont une caractéristique unique de la culture humaine. Essentiels pour l’identification individuelle et souvent profondément liés à l’identité d’une personne, ils permettent en effet de distinguer chaque individu au sein d’une communauté, favorisant ainsi la communication quotidienne et les interactions sociales.

Bien que les animaux aient souvent des moyens de s’identifier les uns les autres grâce aux vocalisations, aux odeurs ou aux comportements, ces mécanismes sont généralement moins complexes et moins symboliques que les noms personnels utilisés par les humains. Du moins, c’est ce que l’on pensait jusqu’à présent. Une étude récente suggère en effet que les éléphants d’Afrique semblent eux aussi s’adresser les uns aux autres avec des étiquettes vocales individuelles.

Des étiquettes individuelles chez les éléphants

Dans le cadre de ces travaux, des chercheurs ont analysé les appels d’éléphants sauvages dans le grand écosystème de Samburu et dans le parc national d’Amboseli, tous deux situés au Kenya. L’équipe a compilé 625 appels distincts, dont 597 entre membres d’un même groupe familial. Sur cet échantillon, les chercheurs ont relevé 114 appelants et 119 destinataires uniques. Pour favoriser les analyses, notez que l’équipe n’a inclus que les appels dirigés vers un seul éléphant et pour lesquels le récepteur pouvait être identifié.

Une fois ces données en main, les chercheurs ont ensuite mesuré les caractéristiques acoustiques de chaque appel avant d’effectuer une série de tests statistiques sur les données. Leur but était de savoir s’il était possible de prédire ou non l’identité du récepteur à partir de chacun de ces appels. Il s’est finalement avéré que les destinataires d’appels pouvaient être correctement identifiés à partir de la structure des appels de manière statistiquement significative.

Les chercheurs ont également tenté de savoir si ces éléphants imitaient les vocalisations du destinataire comme cela peut être observé chez les dauphins par exemple. Nous savons en effet que ces derniers peuvent apprendre les étiquettes vocales individuelles de chacun et réagir à leur propre étiquette lorsqu’ils l’entendent. Ici, l’examen des données suggère que ce n’est pas le cas chez les éléphants.

Les auteurs de l’étude ont également diffusé des enregistrements d’appels initialement adressés à dix-sept de ces éléphants pour voir comment ils répondaient. « Confirmant en outre l’existence d’étiquettes vocales, les sujets se sont approchés du locuteur plus rapidement […] et ont vocalisé plus rapidement […] en réponse aux lectures de test qu’aux lectures de contrôle« , écrivent les auteurs.

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Crédits : Jim Brandenburg

Comment expliquer cette évolution ?

Dans l’ensemble, les chercheurs concluent qu’il pourrait bien s’agir de la première preuve d’une espèce non humaine utilisant un système de dénomination semblable à celui des humains pour désigner d’autres individus.

Une telle évolution pourrait s’expliquer de deux manières. Nous savons en effet que les éléphants sont souvent tendance à se diviser en petits groupes qui peuvent ensuite se regrouper pour former de grands groupes. En raison de ces dynamiques sociales de fission-fusion, ces animaux sont souvent hors de vue de leurs partenaires sociaux étroitement liés. De ce fait, ils produisent des grondements pour communiquer sur de longues distances. Dans ce cas de figure, des étiquettes vocales pourraient donc améliorer la capacité de coordination. En outre, le simple fait de s’appeler par leur nom pourrait simplement être un moyen de renforcer leurs liens sociaux comme c’est le cas avec les humains.

Les détails de ces travaux, qui n’ont pas encore été examinés par des pairs, sont disponibles en prépublication sur bioRxiv.