Croisez un rhinocéros avec une tortue géante, et vous obtiendrez peut-être un animal du même genre. Lisowicia bojani, mi-reptile, mi-mammifère, évoluait à l’aube des dinosaures il y a un peu moins de 250 millions d’années.
Une équipe de paléontologues annonce la découverte d’une nouvelle espèce de dicynodonte en Pologne, à environ 100 km au nord-ouest de Cracovie. Mais celle-ci revêt un caractère exceptionnel. Les espèces du genre découvertes à ce jour ne dépassaient pas les quelques centimètres de haut. Celle-ci, baptisée Lisowicia bojani, présentait des mensurations bien plus imposantes : 4,5 mètres de long, 2,60 mètres de haut et un poids estimé à 9 tonnes. Imaginez alors un gros rhinocéros avec un bec de tortue, aussi lourd qu’un éléphant d’Afrique et évoluant aux côtés des premiers dinosaures.
« Qui aurait pu penser qu’il y avait des cousins de mammifères géants, de la taille d’un éléphant, vivant aux côtés de certains des tout premiers dinosaures ? », s’émerveille Stephen Brusatte, paléontologue des vertébrés à l’Université d’Édimbourg (Royaume-Uni) à l’origine de la découverte. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Science.
Le plus gros animal à quatre pattes, dinosaures mis à part
Avant cela, les spécialistes pensaient qu’il y a entre 240 millions et 201 millions d’années, les premiers mammifères s’éteignaient peu à peu « alors que les dinosaures se développaient et grandissaient, poursuit le chercheur. C’est ce que j’ai raconté à mes étudiants lors de mes conférences ». Cette nouvelle découverte suggère pourtant que les mêmes forces évolutives à l’œuvre chez les dinosaures l’étaient sur d’autres créatures.
Dinosaures mis à part, Lisowicia bojani est tout simplement le plus gros animal terrestre à quatre pattes jamais découvert à cette époque. Ces animaux ont par ailleurs une histoire tout à fait particulière, survivant à la plus grande extinction de l’histoire il y a 252 millions d’années, avant que les dinosaures n’apparaissent. Contrairement à ces derniers en revanche, les dicynodontes n’ont pas passé l’extinction suivante, il y a 200 millions d’années.
Plus grands pour mieux survivre ?
On sait pour l’heure que ces animaux étaient herbivores (ils sont d’ailleurs les tout premiers vertébrés herbivores), qu’ils se déplaçaient probablement en troupeaux et préféraient évoluer près des rivières (un peu comme les hippopotames d’aujourd’hui).
Quant à la raison de ce gigantisme, elle pourrait être commune aux grands sauropodes, qui grossissaient très rapidement dans le but de ne pas se faire dévorer (plus les animaux sont gros et plus ils en imposent auprès des prédateurs). Par ailleurs, le lit d’os où a été retrouvée l’espèce contient les restes d’un prédateur de 5 mètres de long – probablement un dinosaure – et des selles fossilisées contenant des os de dicynodontes.
Quant aux raisons de leur disparition, les chercheurs soupçonnent une concurrence accrue pour les ressources avec les premiers grands dinosaures herbivores durant l’épisode d’extinction du Trias-Jurassique il y a 200 millions d’années. De nouvelles recherches seront néanmoins nécessaires pour confirmer cette hypothèse.
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