Découverte d’une bactérie mangeuse de plastique, un espoir pour les océans

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Si nous ne trouvons pas, ou peu, de solutions pour combattre l’accumulation de plastique qui pollue notamment les océans, la nature, elle, en a trouvé une. En effet, des chercheurs japonais ont découvert une bactérie mangeuse de plastique, la première jamais découverte.

Elle est capable de briser les liaisons moléculaires d’un des plastiques les plus utilisés dans le monde, le polyéthylène téréphtalate, également connu sous le nom de PET ou polyester, ce plastique qui emballe la plupart des bouteilles du commerce et pollue nos océans. Elle, c’est l’Ideonella sakaiensis, une bactérie récemment découverte par des chercheurs japonais, qui détaillent cela dans la revue académique Science.

Jusqu’à présent, aucun organisme n’a été en mesure de décomposer le PET, dont les molécules sont très fortement liées. Aucun, jusqu’à ce qu’une colonie de « Ideonella sakaiensis » ait réussi en laboratoire, éliminant complètement une bouteille d’eau en plastique avec un taux bas de PET en six semaines. « C’est la première étude rigoureuse – elle semble avoir été faite très soigneusement – que j’ai vue qui montre du plastique hydrolysé [décomposé] par des bactéries » déclare le Dr Tracy Mincer, chercheur au Woods Hole Oceanographic Institution, au Guardian.

« Nous avons maintenant une chance d’éliminer le PET de manière biologique« , a déclaré de son côté le biochimiste allemand Uwe Bornscheuer. « C’est un accomplissement majeur. » Un examen génétique a permis de découvrir que cette bactérie a évolué pour produire deux enzymes capables de décomposer le PET, probablement en réponse à l’accumulation de cette matière dans l’environnement au cours des dernières décennies.

Plastique décomposé par la bactérie vu au microscope / Science Journal, Yoshida et. al.
Plastique décomposé par la bactérie vu au microscope / Crédits : Science Journal, Yoshida et. al.

L’application qui vient naturellement à l’esprit avec cette bactérie est bien évidemment celle de dépolluer les océans, où des continents de plastique se sont formés (en 2050, il y aura plus de plastique dans les océans que de poissons, en terme de poids). Mais le PET étant trop dense pour flotter sur l’eau, cette bactérie ne représente probablement pas la meilleure solution. Néanmoins, l’évolution microbienne rapide et la découverte de cette dernière bactérie permettent d’espérer en trouver de nouvelles. « Je ne serais pas surpris si des échantillons de matières plastiques océaniques contenaient des microbes qui croissent joyeusement sur cette matière et pourraient être isolés de la même manière » déclare Enzo Palombo, professeur de microbiologie à l’université de Swinburne. « Si de telles bactéries ont pu se développer une fois, rien n’empêche que d’autres le fassent un jour ailleurs, pourquoi pas dans les océans. On peut espérer qu’à long terme, d’ici cinq à quinze ans, le plastique présent dans la nature puisse être dégradé naturellement« , espère Jan Roelof Van der Meer, professeur de microbiologie à l’Université de Lausanne.

Pour rappel, 311 millions de tonnes de PET sont produites chaque année, un peu plus de la moitié seulement est recueillie pour le recyclage, et 8 millions de tonnes finissent dans l’océan chaque année.

Source : theguardian