Découverte d’un rare cas de nanisme datant d’il y a 5 000 ans

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Crédits : International Journal of Paleopathology

Un squelette humain découvert en Chine présente un rare cas de nanisme proportionné. La datation des ossements suggère que cet individu a vécu il y a environ 5 000 ans.

La dysplasie squelettique est un terme générique qui désigne un développement osseux défectueux. Elle est de nos jours assez rare avec une incidence de 3,22 pour 10 000 naissances, mais elle l’est également dans les archives historiques. Les chercheurs n’ont en effet documenté qu’une quarantaine de cas.

La grande majorité d’entre eux représentent la forme de nanisme la plus courante, appelée achondroplasie. Elle entraîne une croissance disproportionnée des membres, plus courts que la tête et le tronc. Récemment, des archéologues sont tombés sur un jeune individu présentant une forme de dysplasie encore plus rare.

Un cas de nanisme proportionné

Le squelette a été trouvé sur le site de Guanjia, le long du fleuve Jaune dans le centre-est de la Chine. Il était entouré d’autres squelettes. La datation au carbone des ossements suggère que toutes ces personnes évoluaient pendant la période Yangshao, il y a entre 3300 et 2900 av. J.-C.

Le squelette (appelé M53) avait dans un premier temps interpellé les archéologues dans la mesure où ses mains étaient placées derrière le dos, contrairement aux autres. Ses os étaient courts, les chercheurs ont donc pensé dans un premier temps qu’il s’agissait d’un enfant. Néanmoins, les analyses dentaires ont ensuite confirmé qu’il s’agissait d’un jeune adulte.

Les os de ses membres étaient également complètement développés, mais pas encore non fusionnés. D’après les chercheurs, cette caractéristique est typique des personnes atteintes de troubles de la croissance liés au système endocrinien. Une mauvaise conservation du bassin et du crâne n’a en revanche pas permis de déterminer s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme.

Après analyses, les chercheurs ont également proposé que la petite taille de cet individu ait été causée par un dérèglement thyroïdien ou une hypophyse (ou glande pituitaire sous-active) au début de la vie.

Ces deux glandes fabriquent des hormones qui sont ensuite transportées dans le sang. Elles peuvent alors se diffuser dans toutes les parties du corps. Sans elles, les tissus, os et organes ne peuvent pas croître correctement. Ces conditions peuvent également ralentir le développement cognitif, ainsi que la fonction cardiaque et pulmonaire. Les chercheurs suggèrent qu’une carence en iode pourrait expliquer cette condition. En effet, la thyroïde en a besoin pour fabriquer ses hormones.

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L’une des mâchoires conservées. Crédits : International Journal of Paleopathology

Quelles implications sociales ?

Cette découverte, détaillée dans la l’International Journal of Paleopathology, est également intéressante sur le plan social. Partant du principe que ces individus peuvent souffrir de déficience mentale et/ou d’un dysfonctionnement cardiaque ou pulmonaire, il ne fait aucun doute que M53 a eu besoin des autres au cours de sa vie.

« Ce que nous pouvons dire, c’est que cette personne avait probablement besoin de soins et d’un soutien supplémentaires de la part des autres membres de la communauté« , écrivent les chercheurs.

Difficile en revanche d’estimer ce degré de soutien ou même si cet individu en bénéficiait. Comme le note Forbes, « les données historiques du IVe au IIe siècle av. J.-C. montrent que le nanisme n’était pas considéré négativement dans le confucianisme, mais le philosophe Zhuangzi, qui a écrit le texte fondateur du taoïsme, suggère que les personnes concernées par cette condition étaient considérées comme des étrangers à la communauté« .

On ne sait pas donc comment cet individu était considéré par les autres avant de mourir. Tout ce que nous savons, c’est que M53 a été traité différemment dans sa tombe, avec les mains derrière le dos.

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