Dans le vaste spectre des couleurs naturelles qui va des nuances éblouissantes des plumes de paon au mystérieux éclat des organismes sous la lumière ultraviolette, le monde naturel est un tableau vivant de diversité chromatique. Aujourd’hui, une équipe de chercheurs a révélé une découverte fascinante : les premières traces de pigments contribuant aux belles couleurs des coquilles d’escargots. Elles datent d’environ 12 millions d’années.
Exploration de pigments fossilisés
Ces coquilles d’escargots appartiennent à la famille des Cerithioidea, un groupe diversifié d’escargots marins comprenant des espèces qui se trouvent dans les environnements d’eau douce, saumâtre et salée à travers le monde.
Les Cerithioidea comptent parmi les familles d’escargots les plus diversifiées, avec des milliers d’espèces réparties dans différentes régions du globe. Leur diversité morphologique et écologique en fait un groupe d’intérêt pour les biologistes et les malacologistes, les spécialistes des mollusques.
Ces fossiles ont été découverts à la frontière entre l’Autriche et la Hongrie, témoignant d’une époque où cette région était bordée par une mer tropicale au Miocène moyen.
D’après les chercheurs, les restes de coquille présentaient une coloration rougeâtre distinctive suggérant la présence de pigments polyènes. Ces derniers, largement répandus dans le règne animal, sont responsables de nombreuses couleurs rouge, jaune et orange. Cependant, il n’était pas clair si cette teinte était le résultat de la coquille elle-même ou de processus ultérieurs dans les sédiments.

Des pigments intacts
Pour explorer davantage ces pigments dans les coquilles fossiles, les chercheurs ont utilisé une technique de pointe appelée spectroscopie Raman. Il s’agit d’une technique hautement précise qui permet d’identifier les composés chimiques présents dans un échantillon en analysant la lumière diffusée par ce dernier après irradiation avec un laser.
Cette analyse a finalement révélé la présence de pigments polyènes intacts, ce qui représente une découverte inédite dans le domaine des archives fossiles datant de cette époque.
Notez que les pigments polyènes sont connus pour leur sensibilité à l’oxydation, ce qui les rend vulnérables à la dégradation au fil du temps. Dans les conditions fossiles, il serait donc attendu que ces pigments se dégradent et perdent leur couleur au fil des millions d’années. Cependant, la présence de ces pigments intacts dans les coquilles fossiles indique qu’ils ont été préservés avec une remarquable intégrité, fournissant également des preuves tangibles de leur origine dans les coquilles elles-mêmes.
Cette nouvelle découverte remet en question nos connaissances sur la préservation des pigments dans les fossiles et ouvre de nouvelles perspectives de recherche. En outre, nous savons également désormais que la spectroscopie Raman représente un outil précieux pour le criblage non destructif de fossiles rares avec préservation de la couleur pour la présence de pigments polyènes.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Paléontology.
