Découverte des plus anciennes preuves de comportement social chez les mammifères

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Crédits : Misaki Ouchida

Des paléontologues ont découvert plusieurs fossiles de mammifères évoluant dans un terrier il y a plus de 75 millions d’années. Il s’agirait de la plus ancienne preuve de comportement social chez cette classe d’animaux.

Dans le monde animal, la régulation sociale se caractérise par l’ensemble des stratégies adoptées afin d’augmenter les chances de survie en se regroupant. Les oiseaux et les reptiles peuvent nicher rapprochés les uns des autres pour plus de sécurité, par exemple. Néanmoins, ils s’entraident rarement pour élever leurs petits. De nombreuses espèces de mammifères (dont Homo Sapiens) n’hésitent quant à elles pas à le faire et à travailler collectivement pour arriver aux mêmes objectifs.

Environ la moitié des mammifères placentaires évoluent aujourd’hui de cette manière. Ces comportements sont également observés chez certains marsupiaux tels que les kangourous. Mais depuis combien de temps ce type de stratégie est-il en cours ?

Jusqu’à présent, on pensait que ce type de comportement social délibéré s’était développé après l’extinction des dinosaures, principalement dans la classe de mammifères placentaires à laquelle appartiennent les humains. Une nouvelle étude publiée dans Nature Ecology and Evolution renverse aujourd’hui cette idée.

Ensemble dans un terrier il y a 75,5 millions d’années

Une équipe de paléontologues annonce la découverte d’un nouveau petit mammifère évoluant dans l’ouest du Montana il y a 75,5 millions d’années. Soit environ dix millions d’années avant l’extinction des dinosaures non aviens à la toute fin du Crétacé.

L’espèce, nommée Filikomys primaevus, représente les fossiles de mammifères « préastéroïdes » les plus complets d’Amérique du Nord. Plus intéressant encore, le placement des ossements suggère que ces petits animaux nichaient dans des terriers multigénérationnels.

Treize des vingt-deux fossiles de F. primaevus découverts se trouvaient dans une zone de trente mètres carrés, ancrés dans une couche de roche de seulement neuf centimètres d’épaisseur. Les chercheurs ont isolé des parents avec leurs petits, mais certains groupes suggèrent que certains adultes s’occupaient aussi des progénitures des autres. L’un d’eux, par exemple, se composait de trois adultes enterrés avec deux juvéniles dont les dents suggèrent qu’ils étaient déjà sevrés.

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L’un des blocs de fossiles analysés. Crédits : Luke Weaver

« Ces fossiles changent vraiment la donne« , explique Wilson Mantilla, de l’Université de Washington. « En tant que paléontologues, nous ne tombons généralement que sur quelques dents, ou sur une mâchoire ici et là. Par chance, nous avons ici plusieurs crânes et squelettes presque complets préservés à l’endroit exact où vivaient les animaux« .

« Il est vraiment puissant de voir à quel point les interactions sociales sont profondément enracinées chez les mammifères« , ajoute le paléontologue Luke Weaver. « Les humains sont de tels animaux sociaux que nous avons tendance à penser que la socialité est en quelque sorte unique à nous ou du moins à nos proches parents évolutionnistes. Or, nous pouvons maintenant voir que le comportement social remonte bien plus loin dans l’arbre généalogique des mammifères« .

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Représentation d’artiste de plusieurs spécimens de F. primaevus se blottissant les uns contre les autres, avec des dinosaures au-dessus de leur tête. Crédits : Misaki Ouchida

D’après les chercheurs, il est probable que tous soient morts ensemble lors d’un même événement. Le site où ils ont été trouvés a également produit de nombreux fossiles de dinosaures, dont certains chassaient sans aucun doute ces petites souris primitives.