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Un énorme canyon découvert sous l’Antarctique

canyon Antarctique
Crédits : Harvepino/istock

Les scientifiques ont développé des méthodes novatrices pour explorer les profondeurs océaniques qui impliquent parfois la collaboration avec des mammifères marins. Dans cet esprit, des éléphants de mer du sud et des phoques de Weddell ont été équipés de dispositifs qui permettent aux chercheurs d’étudier une région peu accessible de la baie de Vincennes, en Antarctique. Ces explorateurs marins ont même identifié un canyon souterrain colossal.

Des mammifères marins à la rescousse

La bathymétrie du plateau continental de l’Antarctique influence les mouvements des eaux profondes, jouant un rôle crucial dans la fonte des plateformes de glace et l’écoulement des glaces dans l’océan. Cependant, le manque de données disponibles entrave la compréhension des processus océanographiques et de l’impact de cette région sur le climat mondial.

Pour essayer d’y voir plus clair, des chercheurs ont récemment fixé des dispositifs sur la tête de plusieurs centaines d’éléphants de mer du sud (Mirounga leonina) et de phoques de Weddell (Leptonychotes weddellii) dans le but d’enregistrer la profondeur, la température et la conductivité de l’eau dans la région.

Le Dr Clive McMahon, l’auteur principal de l’étude, souligne l’importance de ces mammifères marins dans la collecte d’informations cruciales sur la structure des fonds marins. Actuellement, seulement 23 % de ces fonds sont en effet cartographiés avec précision. Les eaux profondes de l’Antarctique restent également largement méconnues en raison de son éloignement et de ses vastes étendues de glace. Dans ce contexte, les mammifères spécialisés en plongée profonde fournissent une mine d’informations autrement difficilement accessibles.

canyon Antarctique
L’un des « scientifiques » de l’étude. Crédits : Dr Clive R. McMahon – IMOS

Des données précieuses et quelques surprises

L’étude, basée sur plus de 500 000 plongées individuelles, a permis d’améliorer la bathymétrie de 22 à 60 % de la zone échantillonnée, révélant de nouvelles caractéristiques telles que des creux près de la plateforme de glace de Shackleton et un canyon profond d’environ deux kilomètres, désormais nommé Mirounga-Nuyina, dont la présence a ensuite été confirmée par des échosondeurs multifaisceaux.

Les chercheurs ont également comparé les données collectées aux informations bathymétriques déjà disponibles sur la profondeur de l’eau à différents endroits. Il en est finalement ressorti que plus de 25% des estimations précédentes des profondeurs océaniques étaient fausses. Dans certains cas, les phoques plongeaient à plus de mille mètres de profondeur par rapport à l’endroit où l’équipe pensait que se trouvait le fond de l’océan.

De manière générale, ces travaux ont permis de mieux comprendre la forme des fonds océaniques, notamment les canaux facilitant l’accès de l’eau chaude aux cavités des plateformes de glace. Ces informations sont cruciales pour mesurer les taux de fonte des calottes glaciaires.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Communications Earth & Environment.