En France, au sein de la chaîne de montagnes de la Montagne Noire, dans le sud du département de l’Hérault, deux paléontologues amateurs ont fait une découverte remarquable en identifiant un site fossile exceptionnel connu sous le nom de Biote de Cabrières. Ce dernier abrite près de 400 fossiles incroyablement bien préservés datant d’il y a environ 470 millions d’années.
Un site exceptionnel
L’Ordovicien inférieur est une période géologique qui s’étend d’environ 485 à 470 millions d’années avant notre ère. Cette époque fut marquée par un climat relativement chaud, bien que les températures aient fluctué au fil du temps. Les océans occupaient également une place prépondérante, couvrant une grande partie de la surface de la Terre.
Ces derniers abritaient une diversité croissante de formes de vie marine. Les trilobites, des arthropodes marins éteints, étaient abondants et occupaient diverses niches écologiques. Les premiers poissons à mâchoires, bien que simples, ont également commencé à apparaître, tout comme les premiers récifs coralliens, formant des structures complexes dans les mers peu profondes.
Le site fossilifère identifié dans l’Hérault fait référence à cette époque lointaine. Notez qu’il y a 470 millions d’années, la région était très proche du pôle Sud, ce qui en fait une découverte particulièrement précieuse pour comprendre la composition des écosystèmes méridionaux de la Terre à cette période reculée.
« Nous prospectons et recherchons des fossiles depuis l’âge de vingt ans« , note Eric Monceret, l’un des paléontologues amateurs à l’origine de la découverte. « Quand nous avons identifié ce biote étonnant, nous avons compris l’importance de la découverte et sommes passés de l’étonnement à l’enthousiasme« , ajoute sa compère Sylvie Monceret-Goujon.
Une grande biodiversité
La première analyse du Biote de Cabrières a été menée par une équipe internationale de chercheurs, en collaboration avec des scientifiques de la Faculté des géosciences et de l’environnement de l’Université de Lausanne (UNIL) en Suisse et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Les résultats de cette analyse ont révélé une diversité exceptionnelle d’organismes fossilisés, dont des arthropodes, un groupe varié comprenant des arachnides, des insectes et des crustacés. Les chercheurs ont également identifié des cnidaires, un groupe comprenant des méduses et des coraux, ainsi qu’un grand nombre d’algues et d’éponges. Le site contient au total près de 400 fossiles exceptionnellement bien conservés.
Pour les chercheurs, la forte biodiversité observée suggère que la région se présentait comme un refuge pour des espèces qui fuyaient les températures élevées dans des zones plus au nord il y a environ 470 millions d’années. Cette découverte offre ainsi des indices importants sur les stratégies d’adaptation des organismes à des conditions environnementales changeantes.
Les chercheurs planifient désormais un programme de recherche approfondi, comprenant des fouilles à grande échelle et des analyses poussées des fossiles. Ils espèrent ainsi découvrir davantage d’informations sur l’anatomie des restes préservés, déterminer leurs relations évolutives et éclairer le comportement de ces créatures anciennes pendant leur existence.
Cette découverte promet ainsi d’apporter des contributions significatives à notre compréhension de la vie marine préhistorique et des écosystèmes de l’Ordovicien inférieur.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Nature Ecology and Evolution.