Une équipe d’archéologues annonce avoir identifié le mobilier d’une chambre réservée aux esclaves dans la ville romaine de Civita Giuliana, à environ 600 m des murs de l’ancienne Pompéi. La scène, figée dans le temps depuis près de 2 000 ans, nous révèle une situation de précarité et de subordination.
Une catastrophe exceptionnelle
Le 24 août de l’an 79 après J.-C, une violente secousse ébranla la région de Pompéi. Les maisons tremblèrent, les objets tombèrent des étagères, tandis qu’une épaisse colonne de fumée s’éleva dans le ciel. En cause : le réveil brutal du Vésuve après des années de sommeil. Très vite, des pluies de cendres incandescentes s’abattirent sur la ville, recouvrant tout sur leur passage.
Cette éruption aura coûté la vie à des milliers de personnes qui se sont retrouvées figées dans le temps. Depuis plusieurs décennies, les fouilles menées sur le site ont permis de faire de nombreuses découvertes. Il y a quelques semaines, une équipe avait notamment identifié les corps de trois nouvelles personnes qui tentaient de s’abriter dans une boulangerie au moment de la catastrophe. Récemment, des archéologues ont par ailleurs découvert une pièce pour les esclaves qui servaient les habitants de Pompéi à quelques pas des murs de la ville.

Des conditions précaires
La pièce a été découverte dans la villa Civita Giuliana. Mise au jour en 2017 lors d’une opération de fouille visant à combattre le pillage archéologique, il s’agissait à l’époque d’une villa romaine luxueuse vraisemblablement habitée par des membres de l’élite romaine. La pièce contenait deux lits, dont un sans matelas, deux petites armoires, quelques outils (dont une houe en fer) ainsi qu’un certain nombre de cruches et d’amphores en céramique. La fouille de ces récipients a également révélé la présence d’au moins trois rongeurs, dont un rat caché sous l’un des lits. Pour les archéologues, ces détails « soulignent une fois de plus les conditions de précarité et d’inconfort hygiénique dans lesquelles vivaient les derniers de la société de l’époque« .
Les chercheurs ajoutent également n’avoir trouvé aucune preuve de fer ou de chaînes pour retenir les habitants de la pièce. « Il semble que le contrôle ait eu lieu principalement par l’organisation interne de la servitude, et non par des barrières et des contraintes physiques« , explique Gabriel Zuchtriegel, directeur du Parc archéologique de Pompéi, dans un communiqué.

L’esclavage, une composante fondamentale de la société romaine
Rappelons qu’à Pompéi, comme dans d’autres régions de l’Empire romain, l’esclavage était une réalité omniprésente qui touchait tous les aspects de la vie quotidienne et de l’économie. Certaines estimations suggèrent que 10 à 20 % de la population de l’Empire romain était en effet composée d’esclaves qui remplissaient une variété de rôles. Certains pouvaient travailler comme ouvriers, quand d’autres étaient domestiques, artisans, agriculteurs, enseignants, artistes ou même médecins. Certains vivaient dans des conditions relativement décentes, tandis que d’autres étaient soumis à des conditions de travail difficiles, voire cruelles. À noter également que certains esclaves (les vicarii) avaient des responsabilités de gestion, y compris la supervision d’autres esclaves.
Malgré tout, la vie des esclaves n’est pas souvent documentée, d’où l’importance et l’intérêt de cette nouvelle découverte.