Un nouveau « Tatooine » repéré depuis le sud de la France

tatooine
Crédits : Tim Pyle/NASA/JPL-Caltech

Une planète évoluant autour de deux étoiles, comme le monde fictif Tatooine tiré de l’univers Star Wars, a été détectée par une équipe dirigée par l’Université de Birmingham depuis l’Observatoire de Haute-Provence, à environ cent kilomètres au nord de Marseille. Ces travaux pourraient mener à une meilleure compréhension de leur processus de formation.

Un nouveau monde à deux soleils

Lorsque Georges Lucas nous a proposé l’idée de planètes à « deux soleils », à l’instar de Tatooine, un monde retrouvé dans la bordure extérieure de son univers fictif, beaucoup d’astronomes sont restés perplexes. Certains pensaient que ces mondes ne pouvaient pas exister, quand d’autres soutenaient qu’une telle configuration impliquerait forcément que les deux étoiles soient très éloignées l’une de l’autre pour que la force gravitationnelle de la première n’affecte pas la planète de la seconde.

Nous savons désormais que ces planètes à deux soleils existent, et même qu’il y en a probablement beaucoup. TESS, qui évolue actuellement dans l’espace, en a repéré une bonne partie. Plus récemment, une équipe de l’Université de Birmingham s’est appuyée sur un télescope au sol pour identifier un autre de ces mondes du nom de Kepler-16b. Vous le retrouverez à 245 années-lumière de la Terre.

En réalité, cette planète avait déjà été identifiée il y a dix ans depuis l’espace par Kepler en utilisant la méthode du transit. Ici, les chercheurs ont confirmé sa présence en s’appuyant sur une autre méthode : celle de la vitesse radiale qui examine les remorqueurs gravitationnels qu’une planète induit sur sa ou ses étoiles parentes.

Pour cette étude dont les résultats sont publiés dans les Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, les chercheurs se sont appuyés sur un télescope relativement modeste de 193 centimètres d’ouverture situé à l’Observatoire de Haute-Provence.

tatooine
Illustration d’une planète à deux soleils. Crédits : ESO

Un nouvel angle d’attaque

La détection de Kepler-16b depuis la Terre (et non depuis l’espace) au moyen de cette méthode montre qu’il est possible de détecter des planètes circumbinaires (autour de deux étoiles) avec une grande efficacité et à moindre coût. Désormais, l’équipe prévoit de poursuivre la recherche de planètes similaires.

« Notre découverte montre à quel point les télescopes au sol restent tout à fait pertinents pour la recherche moderne sur les exoplanètes et peuvent être utilisés pour de nouveaux projets passionnants« , souligne la Dre Isabelle Boisse, de l’Université de Marseille. « Après avoir montré que nous pouvons détecter Kepler-16b, nous allons maintenant analyser les données prises sur de nombreux autres systèmes d’étoiles binaires, et rechercher de nouvelles planètes circumbinaires« .

Ces travaux pourraient permettre de mieux appréhender leur processus de formation. On pense généralement que la formation des planètes se déroule au sein d’un disque protoplanétaire, une masse de gaz et de poussière enroulant une jeune étoile. Cependant, ce processus peut ne pas être possible dans un système circumbinaire. Selon les simulations, la présence de deux étoiles a en effet tendance à interférer avec le disque, empêchant finalement la matière de s’agglomérer pour former des planètes.

Selon la pensée actuelle, ces mondes pourraient en réalité se former loin des deux étoiles, où leur influence est plus faible, avant de migrer vers l’intérieur. Alternativement, il est également possible que nous devions revoir notre compréhension du processus d’accrétion planétaire.