Les populations de requins et de raies océaniques ont décliné de 70 % au cours de ces cinquante dernières années, selon une nouvelle étude publiée dans Nature. En cause : la surpêche.
Nous savons que la surpêche est la principale cause de la disparition des espèces marines. Toutefois, la diminution et l’augmentation des risques d’extinction d’espèces individuelles sont encore aujourd’hui difficiles à mesurer, en particulier pour les grands prédateurs évoluant en haute mer.
Dans le cadre d’une récente étude, des chercheurs de l’Université Simon Fraser (SFU) se sont appuyés sur deux indicateurs pour suivre les progrès réalisés au cours de ces dernières années en matière de biodiversité marine dans le cadre des « Objectifs d’Aichi ». Pour rappel, il s’agit du « Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 » pour la planète adopté en 2010.
Le premier ensemble de données utilisé était « l’indice de la planète vivante », une mesure des changements d’abondance agrégée à partir de 57 séries de données concernant 18 espèces de requins et de raies océaniques. Le second était l’indice de la liste rouge, une mesure du changement du risque d’extinction calculé pour les 31 espèces océaniques de requins et des raies.
-70 % en 50 ans
Les résultats, naturellement, ne sont pas bons. L’analyse de ces données a en effet révélé que l’abondance mondiale des requins et raies océaniques a diminué de 71 % depuis 1970. De nombreuses espèces sont concernées, des requins marteaux aux raies manta.
L’exemple le plus frappant est celui du requin longimane, aussi appelé requin océanique. Ciblés pour leurs nageoires, ces poissons ont vu leur population mondiale chuter de 98 % au cours des soixante dernières années. « C’est un déclin pire que celui de la plupart des grandes populations de mammifères terrestres », souligne à l’AFP Nick Dulvy, principal auteur de l’étude.
Pour rappel, les requins et les raies sont particulièrement vulnérables à l’effondrement de la population, dans la mesure où leur taux de reproduction est relativement faible, et qu’ils se développent lentement.
Le problème de la surpêche
Les raisons de ces disparitions en masse ? Une multiplication par 18 de la pression de pêche relative, soulignent les auteurs. L’étude note également une multiplication par deux au cours du dernier demi-siècle de l’utilisation de la pêche à la palangre et à la senne. Ces méthodes ont pour principal inconvénient de piéger des prises accessoires en plus des espèces normalement ciblées.
Toujours d’après les chercheurs, les espèces concernées par ces déclins pourraient effectuer un retour, si et seulement si des efforts de conservation sont consentis. Des interdictions strictes et des limites de capture fondées sur des données scientifiques de précaution sont nécessaires d’urgence pour favoriser le rétablissement des espèces.