Il y a deux ans, des chercheurs britanniques livraient les résultats d’une expérience inédite. Après trois ans passés enfouis dans le sol, des sacs plastiques dits « biodégradables » ont tout simplement survécu. Les résultats de cette expérience avaient fait abondamment réagir sur la toile, mais restent discutables.
Des sacs plus résistants que prévu
En 2015, des scientifiques de l’Université de Plymouth (Royaume-Uni) enterraient plusieurs sacs plastiques dans un jardin. Il s’agissait plus précisément de cinq sacs qualifiés de « biodégradables », « oxodégradables » ou encore « compostables ». En 2019, ces mêmes chercheurs publiaient une étude évoquant qu’après trois années, la majorité de ces sacs se sont montrés plutôt résistants. Quelques semaines après la parution de l’étude en question, le magazine GEO avait interrogé Guy César, ex-ingénieur agronome et spécialiste des matériaux biodégradables. Il est président de l’association SerpBio, dont l’objectif est d’aider les PME et PMI à accéder facilement à la certification « biodégradable » des matériaux qu’ils mettent sur le marché.
Selon l’expert, l’étude britannique n’a « aucun sens », car les chercheurs ont notamment testé deux sacs oxodégradables. Il s’agit de produits en polyéthylène classique auxquels on a ajouté des métaux de transition, dont le but est d’accélérer la dégradation en présence d’oxygène. Un matériau biodégradable nécessite en effet toujours des circonstances très précises pour se biodégrader (environnement précis, température…). Un sac oxodégradable ne se dégradera donc pas dans l’eau ou la terre.
Il ne faut en outre pas confondre fragmentation et biodégradation. Rappelons que dans le cas de sacs biodégradables, le matériau subit une fragmentation en particules extrêmement petites. Ces dernières sont ensuite attaquées par la microflore et la microfaune des écosystèmes, bio-assimilées et transformées en dioxyde de carbone ou en méthane.

Bioplastique biodégradable : s’agit-il de greenwashing ?
Guy César évoque néanmoins le fait que les sacs oxodégradables font l’objet d’une certaine biodégradation. En revanche, celle-ci n’intervient qu’après dix à cinquante ans en fonction des conditions environnementales. Ainsi, les matériaux oxobiodégradables ne sont pas viables sur le plan écologique. Pour l’expert, le terme « bio » associé à ces emballages relève simplement du greenwashing, un procédé de marketing permettant à certaines sociétés ou organisations de se donner de manière frauduleuse une image responsable.
Dans une publication sur Facebook le 22 mars 2021, le média militant Mr Mondialisation a fustigé une campagne actuellement menée par Elipso, l’association professionnelle représentant les fabricants d’emballage plastique de France. Pour le média, le bioplastique est un mythe et l’affiche visible ci-dessous est trompeuse.

Voici également une vidéo publiée par Le Monde en 2019, relatant l’expérience des chercheurs de l’Université de Plymouth :