De quoi aurons-nous besoin pour certifier la prĂ©sence d’une vie extraterrestre ?

extraterrestre
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C’est grĂ¢ce Ă  l’étude de notre propre atmosphère que nous sommes en mesure de retracer l’histoire de de la Terre. Une nouvelle gĂ©nĂ©ration de tĂ©lescopes nous permettra bientĂ´t d’observer et d’étudier les celles de mondes lointains. Alors au cours de ces futures recherches, pourrons-nous dĂ©terminer si la vie est prĂ©sente sur des planètes extrasolaires ?  

Sur Terre, suffit-il de dĂ©tecter l’ozone dans l’atmosphère – ou le mĂ©thane, ou mĂªme la pollution gĂ©nĂ©rĂ©e ici bas – pour dire avec certitude : il y a de la vie lĂ -bas ? Comme vous le pensez non, c’est plus compliquĂ© que cela. Les astrobiologistes ont en effet du mal Ă  dĂ©finir une biosignature unique qui pourrait permettre cette certitude, et ce parce que les processus naturels sont parfois trompeurs. Quelles sont en revanche certaines biosignatures potentielles ? Et pourquoi sont-elles problĂ©matiques ?

Commençons par Mars, qui reste proche de notre planète. Depuis près de deux décennies, les astronomes ont détecté de gros nuages ​​de méthane dans son atmosphère. Ici sur Terre, le méthane provient de créatures vivantes, comme les bactéries et les animaux tels que les vaches. En outre, le méthane est facilement dégradé par la lumière du Soleil, ce qui signifie que sur Mars il ne s’agit pas de restes de méthane datant de milliards d’années. Un processus est donc en train de le réapprovisionner constamment, et il semblerait que ce soit les volcans. Le méthane peut en effet se former naturellement dans les volcans, lorsque les roches interagissent avec l’eau chauffée.

Le Cratère Gale à la surface de Mars
Crédits : NASA

Certains tĂ©lescopes peuvent dĂ©jĂ  mesurer les atmosphères de planètes en orbite autour d’autres Ă©toiles. Pour ce faire, ils tentent de dĂ©celer la prĂ©sence de produits chimiques et d’en mesurer les niveaux au moment oĂ¹ la planète passe devant son Ă©toile. Après Ă©tude des donnĂ©es rĂ©pertoriĂ©es, des chercheurs ont rĂ©cemment Ă©tĂ© surpris de trouver de la vapeur d’eau dans l’atmosphère de HAT-P-26b. Il s’agit d’un petit monde de la taille de Neptune, en orbite autour d’une Ă©toile proche. Cela signifie-t-il pour autant qu’il y a de la vie ? Après tout, partout oĂ¹ nous trouvons de l’eau sur Terre, nous trouvons la vie. Mais dans ce cas il s’avère que non, car si l’eau abonde dans l’Univers, elle n’est pas nĂ©cessairement synonyme de vie.

Dans le but de dĂ©tecter et d’étudier plus prĂ©cisĂ©ment la composition atmosphĂ©rique de beaucoup plus de planètes, le tĂ©lescope spatial James Webb de la NASA sera lancĂ© en 2019. Sa rĂ©solution est en effet sensiblement plus Ă©levĂ©e et les donnĂ©es rĂ©coltĂ©es seront de qualitĂ© supĂ©rieure. L’une des premières cibles du tĂ©lescope sera le système TRAPPIST-1, avec sa demi-douzaine de planètes en orbite dans la zone habitable. Le tĂ©lescope devrait alors Ăªtre capable de dĂ©tecter l’ozone, le mĂ©thane et d’autres biosignatures potentielles de la vie. Mais si ces marqueurs ne peuvent indiquer avec certitude la prĂ©sence de vie sur ces mondes, alors que faudrait-il dĂ©celer pour savoir Ă  coup sĂ»r qu’il y a de la vie lĂ -bas ?

L’astrobiologiste John Lee Grenfell, du Centre aĂ©rospatial allemand, a rĂ©cemment crĂ©Ă© un rapport passant en revue toutes les biosignatures exoplanĂ©taires qui pourraient Ăªtre disponibles. Ce dernier a examinĂ© chacune d’elles pour voir si elles Ă©taient susceptibles d’indiquer la vie sur un autre monde. La première cible sera l’oxygène molĂ©culaire, ou O2 – ce que vous respirez en ce moment. Il est produit ici sur Terre par la photosynthèse. Mais si un monde est battu par son Ă©toile et perd de l’atmosphère, alors l’hydrogène sera expulsĂ© dans l’espace, mĂªme si l’oxygène molĂ©culaire restera. En d’autres termes, vous ne serez jamais sĂ»r de rien.

Trappist – 1
Crédits : NASA/JPL-Caltech

Alors qu’en est-il de l’ozone, Ă  savoir O3 ? L’O2 est converti en O3 par un processus chimique dans l’atmosphère. L’ozone semble Ăªtre un bon candidat, mais le problème est qu’il existe des processus naturels qui peuvent aussi en produire. Il y a une couche d’ozone sur VĂ©nus, sur Mars, et il en a mĂªme Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© autour de lunes glacĂ©es dans le système solaire. Encore une fois, pas Ă©vident dâ€™Ăªtre sĂ»r pour les astronomes.

Également connu sous le nom de gaz hilarant, nous trouvons aussi l’oxyde nitreux. Il est produit par les bactĂ©ries dans le sol et contribue au cycle de l’azote de la Terre. La bonne nouvelle ici, c’est que la Terre semble Ăªtre le seul monde dans le système solaire qui prĂ©sente de l’oxyde nitreux dans son atmosphère. Mais les scientifiques ont Ă©galement dĂ©veloppĂ© des modèles sur la façon dont ce produit chimique pourrait avoir Ă©tĂ© gĂ©nĂ©rĂ© dans les dĂ©buts de l’histoire de la Terre, lorsque son ocĂ©an riche en soufre interagissait avec l’azote sur la planète. Au final, VĂ©nus et Mars auraient pu suivre un cycle similaire. En d’autres termes, dĂ©celer la prĂ©sence d’oxyde nitreux pourrait effectivement Ăªtre synonyme de vie, ou simplement reprĂ©senter le fait qu’il s’agisse d’une jeune planète.

Le télescope spatial James Webb
Crédits : Flickr/ NASA Goddard Space Flight Center

Ensuite il y a le méthane, également synonyme de vie sur Terre. Mais comme mentionné précédemment, il y en a aussi sur Mars, et il y a des océans liquides de méthane sur Titan. Pour l’heure, rien ne nous permet de penser que la vie microbienne prospère ou a prospéré sur ces deux mondes. Qu’en est-il des polluants éventuellement émis par les civilisations avancées ? Ces « technosignatures » pourraient par exemple inclure les chlorofluorocarbones. Mais encore une fois, ces produits chimiques seraient difficiles à détecter à des années-lumière de distance.

Vous l’aurez compris, il semblerait que nous n’aurons aucune certitude avec les prochains instruments à disposition. D’autre part, les astronomes seront forcément en désaccord les uns avec les autres. Et faute d’apparition soudaine d’une civilisation extraterrestre, ou faute d’une détection directement sur place, ici dans notre propre système, il nous faudra développer de nouvelles techniques et de nouveaux instruments pour répondre à cette question non résolue : sommes-nous seuls dans l’Univers ?

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