La découverte du crâne fossile de l’enfant de Taung, réalisée il y a un siècle dans la province du nord-ouest de l’Afrique du Sud, avait révolutionné notre compréhension de l’évolution humaine. Ce crâne juvénile, décrit pour la première fois par l’anatomiste Raymond Dart de l’université du Witwatersrand, avait en effet été attribué à une nouvelle espèce désormais très connue : Australopithecus africanus. Cette découverte avait apporté la première preuve tangible soutenant la théorie de Charles Darwin selon laquelle les humains et les singes partagent un ancêtre commun et que l’origine de l’humanité se trouve en Afrique. Mais de quand date précisément ce fossile ?
L’impact de la découverte initiale
Il y a cent ans, en 1924, une découverte en Afrique du Sud bouleversa notre compréhension de l’évolution humaine. Cette découverte était celle d’un crâne fossile trouvé dans une carrière de calcaire à Taung, une petite localité située dans la province du nord-ouest de l’Afrique du Sud. Ce fossile, connu sous le nom de « l’enfant de Taung », devint rapidement une pièce maîtresse dans l’étude de nos ancêtres préhistoriques.
Raymond Dart, un anatomiste australien travaillant à l’université du Witwatersrand à Johannesburg, avait reçu ce fossile de la part d’un collègue qui l’avait trouvé dans les déblais de la carrière. En examinant le crâne, le chercheur avait immédiatement reconnu qu’il s’agissait d’un spécimen unique. Il appartenait à un jeune enfant et possédait des caractéristiques à la fois humaines et simiesques.
En analysant plus en profondeur le fossile, le scientifique nota la présence, d’un petit cerveau, caractéristique des singes, mais aussi d’une position avancée du foramen magnum, le trou à la base du crâne où la colonne vertébrale se connecte, ce qui indiquait une posture bipède. Ces traits mixtes auront conduit Dart à proposer que le fossile appartenait à une nouvelle espèce qu’il nomma Australopithecus africanus, signifiant « singe du sud de l’Afrique ».
L’annonce de cette découverte avait suscité un énorme intérêt ainsi qu’un certain scepticisme. À l’époque, la majorité des scientifiques pensaient que les ancêtres humains étaient originaires d’Asie ou d’Europe. L’idée que l’Afrique pourrait être le berceau de l’humanité était en effet encore largement débattue. Peu à peu, l’idée fut finalement acceptée, fournissant au passage la première preuve tangible soutenant la théorie de Charles Darwin selon laquelle les humains et les singes partagent un ancêtre commun.

De quand date le fossile ?
Depuis la découverte de l’enfant de Taung, un débat intense anime les scientifiques sur l’âge des fossiles d’australopithèques découverts ultérieurement dans divers sites sud-africains. Ces divergences d’opinions proviennent des diverses méthodes de datation utilisées, chacune ayant ses partisans et ses détracteurs.
Pour obtenir des estimations précises, des chercheurs ont proposé une approche biochronologique appliquée directement aux dents des fossiles d’australopithèques. En examinant les rapports entre la longueur et la largeur des premières molaires inférieures des hominidés d’Afrique de l’Est, ils ont ainsi pu développer une équation reliant ces rapports à l’âge géologique.
Cette méthode, testée sur des fossiles tanzaniens, kenyans et éthiopiens, incluant Australopithecus afarensis et les premières espèces d’Homo comme H. habilis, a montré des résultats prometteurs. Plus récemment, les chercheurs l’ont appliqué pour dater le célèbre fossile de l’enfant de Taung. Les résultats suggèrent que ce dernier aurait vécu il y a environ 2,58 millions d’années. Les estimations précédentes étaient moins précises et variaient, mais la plupart plaçaient l’âge du fossile entre 2 et 3 millions d’années.
Pourquoi c’est important
Cette nouvelle datation a plusieurs implications importantes. D’une part, elle permet de mieux situer Australopithecus africanus dans l’arbre évolutif humain, ce qui aide les scientifiques à comprendre l’évolution de cette espèce par rapport à d’autres hominidés et à établir des liens plus clairs entre les différentes branches de notre lignée ancestrale.
D’autre part, en fixant un âge plus précis, les chercheurs peuvent également mieux comprendre les migrations et la dispersion des hominidés en Afrique. Cela permet de reconstituer les conditions environnementales et écologiques auxquelles les premiers hominidés ont été confrontés et comment ils ont pu s’adapter et évoluer.
Enfin, connaître l’âge exact de l’enfant de Taung aide les paléoanthropologues à mieux comprendre les adaptations comportementales et physiques d’Australopithecus africanus, comme la locomotion, les habitudes alimentaires et les interactions sociales qui sont influencées par les conditions environnementales et les pressions évolutives de l’époque.