De profondes rainures faites sur des crânes vieux de 11 000 ans intriguent les scientifiques

Crédits : German Archaeological Institute

Une étude rapporte que des rainures volontaires, linéaires et profondes semblent avoir été faites sur des crânes vieux d’environ 11 000 ans dépouillés de leur chair sur le mystérieux site de Göbekli Tepe. Serait-ce les preuves d’un ancien culte ?

Göbekli Tepe est un site archéologique datant de la fin du Mésolithique au début du Néolithique situé au sud-est de l’Anatolie, région de l’actuelle Turquie située près de la frontière avec la Syrie. Le site fait beaucoup parler et intrigue de plus en plus les archéologues. Sept mille ans avant les premières pyramides, des Hommes ont sculpté des pierres énormes ici pour en faire des colonnes. Quelques millénaires plus tard vers 8 000 av. J.-C., d’autres Hommes ont enterré le site sous une butte de terre de 300 m de large sur 15 m de hauteur. Depuis les années 1960, l’endroit est baptisé Göbekli Tepe qui pourrait se traduire par « colline avec un nombril ».

En avril dernier, ce temple (l’un des plus anciens de l’humanité) a attiré l’attention des chercheurs. Des archéologues avaient en effet traduit de célèbres symboles anciens émaillant les colonnes du temple. En vérifiant l’événement avec des simulations informatiques de notre système solaire autour de cette époque, les chercheurs suggéraient alors que les sculptures pourraient décrire l’impact d’une ou de plusieurs comètes venues s’abattre sur la Terre il y a un peu plus de 13 000 ans. Cela correspond notamment à la période du Dryas récent qui marque un refroidissement intervenu très brutalement, notamment dans l’hémisphère nord alors que le climat planétaire se réchauffait.

Plus récemment, une autre découverte fut faite n’ayant cette fois-ci rien à voir avec les comètes. Selon une nouvelle étude publiée dans Science Advances, sept fragments de trois crânes néolithiques découverts par des archéologues témoignent d’un type unique de modification post-mortem du crâne sur le site. Des rainures volontaires, linéaires et profondes semblent avoir été faites avec un outil en silex selon Julia Gresky, auteure principale de l’étude et anthropologue à l’Institut archéologique allemand de Berlin, qui a analysé des fragments au microscope. L’un d’eux est même percé d’un trou.

Crédits : German Archaeological Institute

Le peu de collagène encore présent sur les crânes suggère que ces individus auraient vécu il y a entre 10 000 et 11 500 ans. Quant aux rainures, elles restent encore mystérieuses. Les chercheurs avancent l’idée d’une sorte de « culte du crâne ». Le fait de vénérer un crâne n’est pas rare, notamment dans l’actuel Israël ou en Jordanie. C’est en revanche une première en Anatolie. Les restes archéologiques retrouvés sur d’autres sites de la région montrent en effet très clairement que les gens enterraient généralement leurs morts, puis les exhumaient et détachaient ensuite les crânes pour les afficher de manière créative. Est-ce la même chose ici ? « Ce traitement des fragments est terriblement unique. Je ne connais aucun endroit où les crânes ont ainsi été sculptés ou forés », note Gary Rollefson, archéologue au Collège Whitman à Walla Walla, à Washington, qui n’a pas participé à l’étude.

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